Résumé
Aux XVIIe et XVIIIe siècles en France les femmes travesties en homme abondent dans l’histoire et dans la littérature. La scène ne fait pas exception. Le topos littéraire abondamment utilisé du travestissement féminin connaît une grande vogue dans le théâtre du XVIIe siècle, et se prolonge quoique de façon plus limitée jusque dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. L’étude du répertoire d’environ 600 pièces des théâtres professionnels à Paris - la Comédie-Française, la Comédie-Italienne et les théâtres de la Foire - de 1680 jusqu’à la Révolution révèle qu’au moins 79 pièces incluent ce type du travestissement. Si dans le théâtre du XVIIIe siècle les jeux d’identité ne revêtent pas autant d’importance que dans le théâtre baroque, quelles sont les transformations que le travestissement a subies ? C’est l’époque où se manifeste une rivalité ardente entre les théâtres, et cette rivalité exerce une grande influence sur la création des pièces et la représentation. De l’époque où « l’habit fait le sexe » à celle où « l’habit ne fait pas le sexe », les auteurs du XVIIIe siècle suggèrent un regard critique vis-à-vis de ce topos théâtral. Au sein de cette transformation, la part de l’interprète est fondamentale — l’actrice se situe au confluent de la construction du personnage par l’auteur et de la réception par le public. Cependant, les équivoques du travestissement suscitent de plus en plus de critiques qui se traduisent par les condamnations de l’équivoque au cours du XVIIIe siècle.
Source: ACRAS
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