Sous le parrainage de M. le Professeur Christian BIET
(Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense)
Membres du Jury :
M. le Professeur Christian BIET (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense)
M. le Professeur Yves CITTON (Université Stendhal-Grenoble III ; UMR LIRE-CNRS)
M. le Professeur Pierre FRANTZ (Université Paris IV-La Sorbonne)
M. le Professeur Christophe MARTIN (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense)
Mme. la Professeure Isabelle MOINDROT (Université Paris VIII-Vincennes-Saint Denis)
M. le Professeur Guy SPIELMANN (Georgetown University, États-Unis)
(Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense)
Membres du Jury :
M. le Professeur Christian BIET (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense)
M. le Professeur Yves CITTON (Université Stendhal-Grenoble III ; UMR LIRE-CNRS)
M. le Professeur Pierre FRANTZ (Université Paris IV-La Sorbonne)
M. le Professeur Christophe MARTIN (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense)
Mme. la Professeure Isabelle MOINDROT (Université Paris VIII-Vincennes-Saint Denis)
M. le Professeur Guy SPIELMANN (Georgetown University, États-Unis)
Politique de la représentation : Littérature, Arts du spectacle, Discours de savoir (xviie – xxie siècles)
Placée sous le signe de la politique de la représentation, cette habilitation à diriger des recherches s’inscrit dans le sillage des perspectives ouvertes par ce qu’on appelle communément aujourd’hui les nouvelles humanités scientifiques, et plus particulièrement la réflexion sur les arts politiques, envisagée dans une perspective épistémo-critique. Elle offre l’occasion d’interroger les processus historiques, mais aussi les dispositifs esthético-idéologiques au sein desquels s’expriment différents types de discours de savoir, solidaires de systèmes de créances et de procédés de légitimation : ils sont d’abord saisis, au sein de la littérature, des arts du spectacle vivant et de différents médias, en particulier le cinéma, à travers leur émergence, à l’occasion de la première modernité, à l’âge classique ; ils sont ensuite resitués dans une perspective diachronique plus large, allant de la seconde moitié du XVIIe siècle au début du XXIe siècle.
Trois axes de recherche scientifique sont susceptibles d’être esquissés : d’abord, la politique des savoirs économiques, juridiques, sociologiques ou anthropologiques à l’œuvre dans la production littéraire et dramatique ; ensuite, la politique de la merveille et les systèmes de croyance, les processus d’allégorisation et de médiation symbolique qui lui sont associés ; enfin, la politique du répertoire, de la mémoire, et du patrimoine culturel et historique telle qu’elle s’institutionnalise au sein du champ littéraire et théâtral, mais aussi telle que ses principes de patrimonialisation sont détournés, voire subvertis par un certain nombre de sous-cultures et de contre-cultures.
La question de l’allégorie théâtrale à l’âge classique, objet d’un essai intitulé Les Audiences de Thalie : la comédie allégorique, théâtre des idées à l’âge classique, est au carrefour de l’ensemble de ces objets d’étude, de ses méthodes critiques et de ses approches interprétatives. Elle peut donc à bon droit être considérée comme paradigmatique de ce type de démarche épistémologique, de ses préoccupations scientifiques et de ses enjeux politiques. Loin de connaître l’éclipse à laquelle on la réduit encore fréquemment, l’allégorie n’a sans doute jamais été aussi présente que dans le théâtre comique à l’âge classique. Elle s’affranchit de la métaphysique, de la psychomachie et de la théologie politique pour mieux se saisir de la société de son temps, envisagée dans toute sa complexité. Figure ostensive et ostentatoire, située en marge de la dramaturgie réglée et des genres légitimes, elle exhibe son voile d’ignorance et joue de ses multiples sens cachés pour mieux se saisir des évolutions socio-historiques comme de la philosophie politique de son temps. Exploitant l’évidente matérialité de son être scénique, elle constitue le public en communauté interprétative et le convie à un processus autoréflexif sur ses propres modalités de fonctionnement, plaçant dans l’ère du soupçon un espace public plus que jamais peut-être structuré par la représentation théâtrale qui est encore, dans une large mesure, celui de notre actuelle médiasphère.
Notice bio-bibliographique
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud, agrégé de sciences économiques et sociales, Martial Poirson est actuellement maître de conférences en littérature et arts du spectacle à l’Université Stendhal-Grenoble III et membre titulaire de l’UMR LIRE-CNRS. Spécialiste d’histoire, d’esthétique et de socio-économie du spectacle vivant, ses travaux portent notamment sur l’articulation entre les discours de savoir et les arts, mais aussi sur la politique de la représentation. Il a publié deux ouvrages, Spectacle et économie à l’âge classique (2011), Comédie et économie à l’âge classique (à paraître en 2012) et prépare un Essai de critique littéraire de l’économie politique ; il a également dirigé ou codirigé plusieurs ouvrages, notamment Les Scènes de l’enchantement (2011), L’Écran des Lumières (2009), Filmer le dix-huitième siècle (2009), L’économie et ses frontières dans la littérature moderne, XVII-XXe siècles (2008), Le Théâtre sous la Révolution (2008), Art et argent au temps des Premiers Modernes, XVII-XVIIIe siècles (2004) ; ainsi que plusieurs numéros spéciaux de revues, notamment Mémoire de l’oubli : aux marges du répertoire, Études théâtrales (2009), Mémoire de l’éphémère : quel patrimoine pour le spectacle vivant ? Revue d’histoire du théâtre (2008) ou Le Conte à l’épreuve de la scène contemporaine, Revue d’histoire du théâtre (2012) ; il a en outre réalisé plusieurs éditions critiques, en particulier de comédies allégoriques (Allainval, Boissy, Voltaire, Chamfort, Mercier, Neufchâteau…), qu’il a parfois également mises en scène ; il a enfin publié soixante-dix articles et réalisé une trentaine d’entretiens avec des artistes et hommes de théâtre.
Trois axes de recherche scientifique sont susceptibles d’être esquissés : d’abord, la politique des savoirs économiques, juridiques, sociologiques ou anthropologiques à l’œuvre dans la production littéraire et dramatique ; ensuite, la politique de la merveille et les systèmes de croyance, les processus d’allégorisation et de médiation symbolique qui lui sont associés ; enfin, la politique du répertoire, de la mémoire, et du patrimoine culturel et historique telle qu’elle s’institutionnalise au sein du champ littéraire et théâtral, mais aussi telle que ses principes de patrimonialisation sont détournés, voire subvertis par un certain nombre de sous-cultures et de contre-cultures.
La question de l’allégorie théâtrale à l’âge classique, objet d’un essai intitulé Les Audiences de Thalie : la comédie allégorique, théâtre des idées à l’âge classique, est au carrefour de l’ensemble de ces objets d’étude, de ses méthodes critiques et de ses approches interprétatives. Elle peut donc à bon droit être considérée comme paradigmatique de ce type de démarche épistémologique, de ses préoccupations scientifiques et de ses enjeux politiques. Loin de connaître l’éclipse à laquelle on la réduit encore fréquemment, l’allégorie n’a sans doute jamais été aussi présente que dans le théâtre comique à l’âge classique. Elle s’affranchit de la métaphysique, de la psychomachie et de la théologie politique pour mieux se saisir de la société de son temps, envisagée dans toute sa complexité. Figure ostensive et ostentatoire, située en marge de la dramaturgie réglée et des genres légitimes, elle exhibe son voile d’ignorance et joue de ses multiples sens cachés pour mieux se saisir des évolutions socio-historiques comme de la philosophie politique de son temps. Exploitant l’évidente matérialité de son être scénique, elle constitue le public en communauté interprétative et le convie à un processus autoréflexif sur ses propres modalités de fonctionnement, plaçant dans l’ère du soupçon un espace public plus que jamais peut-être structuré par la représentation théâtrale qui est encore, dans une large mesure, celui de notre actuelle médiasphère.
Notice bio-bibliographique
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud, agrégé de sciences économiques et sociales, Martial Poirson est actuellement maître de conférences en littérature et arts du spectacle à l’Université Stendhal-Grenoble III et membre titulaire de l’UMR LIRE-CNRS. Spécialiste d’histoire, d’esthétique et de socio-économie du spectacle vivant, ses travaux portent notamment sur l’articulation entre les discours de savoir et les arts, mais aussi sur la politique de la représentation. Il a publié deux ouvrages, Spectacle et économie à l’âge classique (2011), Comédie et économie à l’âge classique (à paraître en 2012) et prépare un Essai de critique littéraire de l’économie politique ; il a également dirigé ou codirigé plusieurs ouvrages, notamment Les Scènes de l’enchantement (2011), L’Écran des Lumières (2009), Filmer le dix-huitième siècle (2009), L’économie et ses frontières dans la littérature moderne, XVII-XXe siècles (2008), Le Théâtre sous la Révolution (2008), Art et argent au temps des Premiers Modernes, XVII-XVIIIe siècles (2004) ; ainsi que plusieurs numéros spéciaux de revues, notamment Mémoire de l’oubli : aux marges du répertoire, Études théâtrales (2009), Mémoire de l’éphémère : quel patrimoine pour le spectacle vivant ? Revue d’histoire du théâtre (2008) ou Le Conte à l’épreuve de la scène contemporaine, Revue d’histoire du théâtre (2012) ; il a en outre réalisé plusieurs éditions critiques, en particulier de comédies allégoriques (Allainval, Boissy, Voltaire, Chamfort, Mercier, Neufchâteau…), qu’il a parfois également mises en scène ; il a enfin publié soixante-dix articles et réalisé une trentaine d’entretiens avec des artistes et hommes de théâtre.
The Politics of Representation: Literature, Performance Arts and Discourses on Knowledge from the 17th to the 21th centuries
This study aims to investigate the ways in which different types of discourses on Knowledge emerged alongside systems of belief and their legitimization. Through an analysis of historical and critical examples of the politics of representation, and within their interpretative frameworks, we examine illustrations spanning from the second half of the 17th century to the first half of the 21st century.
The three lines of inquiry followed include: firstly, those literary and theatrical productions in which the politics of knowledge relates to the fields of economics, law, sociology and anthropology. Secondly, systems of belief and the processes of Allegorisation appear in the politics of wonder; lastly, the politics of the repertoire, of memory and cultural inheritance, as they have been formally institutionalized in literature and the performance arts, including the ways in which the processes of cultural inheritance have been altered, and even subverted by subcultures or countercultures.
The question of Allegorical Theatre in the Classical age is developed in the essay entitled “The Audiences of Thalie: Allegorical Comedy, the Theatre of Ideas in the Classical Age” which represents the methodological cross-roads of our interpretative framings. It embodies paradigmatically the type of epistemological and scientific inquiry conducted. Far from suffering from the eclipse so frequently alleged, the allegory has probably never been as present as in the comic theater in the classical age. It overcomes metaphysics, psychomachy and political theology to better understand the society of its time, considered in all its complexity. As an ostensive and ostentatious feature, located on the fringes of the well-rounded dramaturgy and legitimate genres, she shows off her veil of ignorance and operates its many hidden meanings to better understand socio-historical developments such as the political philosophy of his time. Making the most of the obvious materiality of his scenic presence, it invites the public to become an interpretive community and engage into a self-reflexive process on its own approach, forging, in the age of suspicion, a public space more than ever maybe structured by a theatrical performance that still to a large extent, constitutes our current mediasphere.
The three lines of inquiry followed include: firstly, those literary and theatrical productions in which the politics of knowledge relates to the fields of economics, law, sociology and anthropology. Secondly, systems of belief and the processes of Allegorisation appear in the politics of wonder; lastly, the politics of the repertoire, of memory and cultural inheritance, as they have been formally institutionalized in literature and the performance arts, including the ways in which the processes of cultural inheritance have been altered, and even subverted by subcultures or countercultures.
The question of Allegorical Theatre in the Classical age is developed in the essay entitled “The Audiences of Thalie: Allegorical Comedy, the Theatre of Ideas in the Classical Age” which represents the methodological cross-roads of our interpretative framings. It embodies paradigmatically the type of epistemological and scientific inquiry conducted. Far from suffering from the eclipse so frequently alleged, the allegory has probably never been as present as in the comic theater in the classical age. It overcomes metaphysics, psychomachy and political theology to better understand the society of its time, considered in all its complexity. As an ostensive and ostentatious feature, located on the fringes of the well-rounded dramaturgy and legitimate genres, she shows off her veil of ignorance and operates its many hidden meanings to better understand socio-historical developments such as the political philosophy of his time. Making the most of the obvious materiality of his scenic presence, it invites the public to become an interpretive community and engage into a self-reflexive process on its own approach, forging, in the age of suspicion, a public space more than ever maybe structured by a theatrical performance that still to a large extent, constitutes our current mediasphere.