
Contact : Florence.Fix@univ-nancy2.fr ; Michele.Gally@univ-provence.fr
Le projet d'ouvrage collectif (sans colloque ni journée d'études) envisage de réfléchir à la présence de la farce aujourd'hui, c'est à dire dans le théâtre du XXe siècle, et ce non exclusivement en France : les contributions sur George Tabori, Dario Fo ou Hanoch Levin seront les bienvenues. Si la farce est née dans l'Antiquité, elle reste associée à l'époque qui l'a ritualisée, insérée dans un comportement politique et social et aussi écrite, publiée. Sa désaffection tient aux clichés attachés au Moyen âge : grivoiserie, incohérence, médiocrité et banalité de la fable…
On tâchera justement de n'y pas voir qu'un objet patrimonial et d'en étudier les résurgences avérées – c'est-à-dire désignées par leurs auteurs comme « farces » - au XXe siècle. Sous un ciel vide pas de tragédie, et dans un champ sans enchanteurs ni troubadours ni vassaux ni suzerains, pas de farce ? La farce est là, cependant, sous la plume d'Anouilh, d'Audiberti, de Dürrenmatt… Ce « cependant » est-il une manière, pour un dramaturge, de se poser à contre-courant de ses contemporains ? La farce impliquerait alors un retour à un mode d'expression considéré comme grossier voire archaïque contre la « nouveauté » ; nouveau théâtre, nouvelle critique, nouveau roman : pour Audiberti par exemple, ou encore avant lui pour Fernand Crommelynck ou après lui pour Marcel Aymé réinvestir la mémoire historique du « moyenâgeux » est une démarche contestataire – comme l'est aujourd'hui peut-être aussi le fait de jouer Ruzzante dans un contexte culturel dévoué à Jean-Luc Lagarce ou Lars Noren. Il n'en demeure pas moins non plus que la farce, art frontal de la harangue au public, est souvent abordée de biais par la modernité. Minorée, au point qu'il semble être besoin, pour oser en faire usage, de la compléter d'un adjectif : « farce historique » (Brecht), « farce tragique » (Ionesco), toutes ces appellations qui sont au fond des pléonasmes nous désignent les difficultés des dramaturges du XXe siècle à travailler cette forme encombrante. C'est en effet la forme farce et non le spectacle qui fait problème : sur scène, le « farcesque » fait les beaux jours de la critique en mal d'adjectifs pour parler de mises en scène de textes de Ionesco à Novarina ; mais qu'en est-il du genre « farce » ?
Nous tenterons de nous interroger sur ce retour en en déclinant les modalités (liste non exhaustive, nous l'espérons) :
- la farce, contre-culture, dérangeante, scandaleuse (censurée parfois) ou passé décoratif artificiellement restauré dans une construction du scandale programmé, arbitrairement violent ? (in-yer-face drama ; Mark Ravenhill, Caryl Churchill) En outre, quelle place pour la farce dans une culture de masse non-religieuse et dans la critique de la société de consommation ?
- liens avec la violence, la cruauté (Ghelderode), la description des totalitarismes (Hitler chez Brecht ou Tabori), et des guerres post-coloniales (Jelinek sur la guerre en Irak) ; retour des schèmes de la dévoration ou de la famine ; remise en cause de l'autorité et des media (Tigres de papier, farce d'Eugène Durif sur la presse).
- la farce comme lieu de la créativité langagière possible, dérision du langage et innovation (Jarry, Novarina), voire moquerie envers la langue patrimoniale, figée (Franzobel sur l'allemand comme langue de culture)
- la farce pose une étroite imbrication du réel et du surnaturel, une interdépendance des signes, comment cet entrelacs peut-il fonctionner aujourd'hui ? L'emphase farcesque, qui se donne à entendre dans l'usage d'un langage grossier, et à voir dans une gestuelle outrée, convoque également une conception du réel, voire une idéologie : que faire de la superstition et du rapport à l'imaginaire de la farce sur une scène d'aujourd'hui ? (les morts qui parlent chez Sarah Kane, le conte de fées médiéval tel que vu par Jan Fabre dans Je suis sang, etc.)
Les propositions de contributions, accompagnées d'une très brève notice biographique, devront être envoyées par mail pour le 1er janvier 2012. Sur accord de principe par retour de courriel mi-janvier, les articles d'environ 30 000 signes notes et espaces compris, seront à envoyer par la même voie pour le 1er octobre 2012.
Source: dramatica.
Le projet d'ouvrage collectif (sans colloque ni journée d'études) envisage de réfléchir à la présence de la farce aujourd'hui, c'est à dire dans le théâtre du XXe siècle, et ce non exclusivement en France : les contributions sur George Tabori, Dario Fo ou Hanoch Levin seront les bienvenues. Si la farce est née dans l'Antiquité, elle reste associée à l'époque qui l'a ritualisée, insérée dans un comportement politique et social et aussi écrite, publiée. Sa désaffection tient aux clichés attachés au Moyen âge : grivoiserie, incohérence, médiocrité et banalité de la fable…
On tâchera justement de n'y pas voir qu'un objet patrimonial et d'en étudier les résurgences avérées – c'est-à-dire désignées par leurs auteurs comme « farces » - au XXe siècle. Sous un ciel vide pas de tragédie, et dans un champ sans enchanteurs ni troubadours ni vassaux ni suzerains, pas de farce ? La farce est là, cependant, sous la plume d'Anouilh, d'Audiberti, de Dürrenmatt… Ce « cependant » est-il une manière, pour un dramaturge, de se poser à contre-courant de ses contemporains ? La farce impliquerait alors un retour à un mode d'expression considéré comme grossier voire archaïque contre la « nouveauté » ; nouveau théâtre, nouvelle critique, nouveau roman : pour Audiberti par exemple, ou encore avant lui pour Fernand Crommelynck ou après lui pour Marcel Aymé réinvestir la mémoire historique du « moyenâgeux » est une démarche contestataire – comme l'est aujourd'hui peut-être aussi le fait de jouer Ruzzante dans un contexte culturel dévoué à Jean-Luc Lagarce ou Lars Noren. Il n'en demeure pas moins non plus que la farce, art frontal de la harangue au public, est souvent abordée de biais par la modernité. Minorée, au point qu'il semble être besoin, pour oser en faire usage, de la compléter d'un adjectif : « farce historique » (Brecht), « farce tragique » (Ionesco), toutes ces appellations qui sont au fond des pléonasmes nous désignent les difficultés des dramaturges du XXe siècle à travailler cette forme encombrante. C'est en effet la forme farce et non le spectacle qui fait problème : sur scène, le « farcesque » fait les beaux jours de la critique en mal d'adjectifs pour parler de mises en scène de textes de Ionesco à Novarina ; mais qu'en est-il du genre « farce » ?
Nous tenterons de nous interroger sur ce retour en en déclinant les modalités (liste non exhaustive, nous l'espérons) :
- la farce, contre-culture, dérangeante, scandaleuse (censurée parfois) ou passé décoratif artificiellement restauré dans une construction du scandale programmé, arbitrairement violent ? (in-yer-face drama ; Mark Ravenhill, Caryl Churchill) En outre, quelle place pour la farce dans une culture de masse non-religieuse et dans la critique de la société de consommation ?
- liens avec la violence, la cruauté (Ghelderode), la description des totalitarismes (Hitler chez Brecht ou Tabori), et des guerres post-coloniales (Jelinek sur la guerre en Irak) ; retour des schèmes de la dévoration ou de la famine ; remise en cause de l'autorité et des media (Tigres de papier, farce d'Eugène Durif sur la presse).
- la farce comme lieu de la créativité langagière possible, dérision du langage et innovation (Jarry, Novarina), voire moquerie envers la langue patrimoniale, figée (Franzobel sur l'allemand comme langue de culture)
- la farce pose une étroite imbrication du réel et du surnaturel, une interdépendance des signes, comment cet entrelacs peut-il fonctionner aujourd'hui ? L'emphase farcesque, qui se donne à entendre dans l'usage d'un langage grossier, et à voir dans une gestuelle outrée, convoque également une conception du réel, voire une idéologie : que faire de la superstition et du rapport à l'imaginaire de la farce sur une scène d'aujourd'hui ? (les morts qui parlent chez Sarah Kane, le conte de fées médiéval tel que vu par Jan Fabre dans Je suis sang, etc.)
Les propositions de contributions, accompagnées d'une très brève notice biographique, devront être envoyées par mail pour le 1er janvier 2012. Sur accord de principe par retour de courriel mi-janvier, les articles d'environ 30 000 signes notes et espaces compris, seront à envoyer par la même voie pour le 1er octobre 2012.
Source: dramatica.