Que faire lorsque l’on est affairée et que son plus cher et tendre ennemi débarque dans votre bureau après vingt-cinq ans de séparation totale ?
Les histoires d’amour finissent mal en général, en particulier lorsque votre mari, dont le credo « les femmes c’est comme les yaourts, il ne faut pas dépasser la date de péremption », vous trouve tournée et décide de s’attaquer à un pot d’âge allégé. Balancée un beau jour dans le vide-ordures, Séverine Chapuis, femme à poigne, a remonté vaillamment la pente des amours déçues tout en montant sa petite entreprise désormais prospère. Un cadre de vie qui n’est pas des plus désagréables : une maison d’édition qu’elle dirige d’une main de fer, assortie d’un amant collaborateur.
C’est alors que l’amateur de yaourts surgit sans prévenir, tout de nippes vêtu, fauché comme les blés - et qui plus est puant des pieds. Un boulot c’est tout ce qu’il demande. Ou plutôt supplie. Lui d’ordinaire si fier… Comment ne pas résister au plaisir de le voir ramper après toutes ces années ? La vengeance n’a pas de date de péremption et puis c’est un plat qui se mange froid - et Jean-Pierre a toujours aimé le grand frais alors qu’à cela ne tienne ! Embauché ! mais attention, monsieur passera d’HEC aux WC car il sera technicien… de surface. Il oubliera Jean-Pierre Chapuis et deviendra l'Auguste inconnu. Pas question en effet de dévoiler l'identité du nouveau larbin... Cela ferait tache...
Le décor (sur deux plans séparés au centre par des bibliothèques coulissantes) très réussi et original représente le bureau de Séverine : un beau désordre de livres et de dossiers. Il permet un jeu avec l’espace, modulable à souhait (agrandissement ou rétrécissement, effets de ce que l’on pourrait qualifier de «semi-vu», le fond étant parfois à demi caché par les livres sur les rayonnages) et qui épouse parfaitement le rythme et les péripéties d’une pièce riche en rebondissements.
La mise en scène est un petit bijou d’efficacité. Les jeux de scène savamment dosés et orchestrés ne lassent pas de plaire et faire rire : machine à café infernale, improbables caresses sur pantalon rayé, jongleries franco-germano-portugaises etc.
L’interprétation des premiers rôles est impeccable : on admire la justesse des réparties de Maaike Jansen, son dynamisme et son énergie en scène. On ne peut qu’applaudir l’interprétation brillante de Roland Giraud tour à tour misérable, révolté, obéissant, choqué, médisant, jaloux, maître chanteur, attendrissant…
Les rôles secondaires sont joués avec brio par Patrick Guillemin, Jean-Yves Roan et Martine Montgermon, mais aussi par Zoé Bruneau, exquise dans le rôle de la secrétaire dissimulatrice. La jeune actrice joue une séductrice assortie d’un zest de fragilité, de bonne humeur et de légèreté, se gardant de tomber dans le cliché de la secrétaire salope et haïssable. Elle se distingue en outre par une excellente écoute. L’entrée d’Arthur Fenwick, exubérant coursier au langage châtié et celle de Jean Franco, lecteur "in" au jugement infaillible, un tantinet efféminé et maniéré, resteront sans doute dans les annales. Non pas seulement pour les patins à roulettes ou le costume rouge vif en accord avec le manteau d’Arlequin. Ni trop, ni trop peu : le jeu est simplement parfait. A aucun moment on ne tombe dans la caricature : Zoé Bruneau, Jean Franco, et Arthur Fenwick, très prometteurs, font exister leur personnage et lui donnent une certaine épaisseur sans jamais être artificiels.
Les spectateurs s'esclaffent, en redemandent, applaudissent à tout rompre à la fin de la pièce (les machinistes sont ainsi obligés de remonter le rideau de scène car les rappels ne cessent). Les acteurs ont joué ensemble avec tact et naturel. Il ont trouvé un point d’équilibre, faisant de la mise en scène du Technicien une représentation à déguster sans modération.
A ne pas manquer !
Compte rendu par Sabine Chaouche
Les histoires d’amour finissent mal en général, en particulier lorsque votre mari, dont le credo « les femmes c’est comme les yaourts, il ne faut pas dépasser la date de péremption », vous trouve tournée et décide de s’attaquer à un pot d’âge allégé. Balancée un beau jour dans le vide-ordures, Séverine Chapuis, femme à poigne, a remonté vaillamment la pente des amours déçues tout en montant sa petite entreprise désormais prospère. Un cadre de vie qui n’est pas des plus désagréables : une maison d’édition qu’elle dirige d’une main de fer, assortie d’un amant collaborateur.
C’est alors que l’amateur de yaourts surgit sans prévenir, tout de nippes vêtu, fauché comme les blés - et qui plus est puant des pieds. Un boulot c’est tout ce qu’il demande. Ou plutôt supplie. Lui d’ordinaire si fier… Comment ne pas résister au plaisir de le voir ramper après toutes ces années ? La vengeance n’a pas de date de péremption et puis c’est un plat qui se mange froid - et Jean-Pierre a toujours aimé le grand frais alors qu’à cela ne tienne ! Embauché ! mais attention, monsieur passera d’HEC aux WC car il sera technicien… de surface. Il oubliera Jean-Pierre Chapuis et deviendra l'Auguste inconnu. Pas question en effet de dévoiler l'identité du nouveau larbin... Cela ferait tache...
Le décor (sur deux plans séparés au centre par des bibliothèques coulissantes) très réussi et original représente le bureau de Séverine : un beau désordre de livres et de dossiers. Il permet un jeu avec l’espace, modulable à souhait (agrandissement ou rétrécissement, effets de ce que l’on pourrait qualifier de «semi-vu», le fond étant parfois à demi caché par les livres sur les rayonnages) et qui épouse parfaitement le rythme et les péripéties d’une pièce riche en rebondissements.
La mise en scène est un petit bijou d’efficacité. Les jeux de scène savamment dosés et orchestrés ne lassent pas de plaire et faire rire : machine à café infernale, improbables caresses sur pantalon rayé, jongleries franco-germano-portugaises etc.
L’interprétation des premiers rôles est impeccable : on admire la justesse des réparties de Maaike Jansen, son dynamisme et son énergie en scène. On ne peut qu’applaudir l’interprétation brillante de Roland Giraud tour à tour misérable, révolté, obéissant, choqué, médisant, jaloux, maître chanteur, attendrissant…
Les rôles secondaires sont joués avec brio par Patrick Guillemin, Jean-Yves Roan et Martine Montgermon, mais aussi par Zoé Bruneau, exquise dans le rôle de la secrétaire dissimulatrice. La jeune actrice joue une séductrice assortie d’un zest de fragilité, de bonne humeur et de légèreté, se gardant de tomber dans le cliché de la secrétaire salope et haïssable. Elle se distingue en outre par une excellente écoute. L’entrée d’Arthur Fenwick, exubérant coursier au langage châtié et celle de Jean Franco, lecteur "in" au jugement infaillible, un tantinet efféminé et maniéré, resteront sans doute dans les annales. Non pas seulement pour les patins à roulettes ou le costume rouge vif en accord avec le manteau d’Arlequin. Ni trop, ni trop peu : le jeu est simplement parfait. A aucun moment on ne tombe dans la caricature : Zoé Bruneau, Jean Franco, et Arthur Fenwick, très prometteurs, font exister leur personnage et lui donnent une certaine épaisseur sans jamais être artificiels.
Les spectateurs s'esclaffent, en redemandent, applaudissent à tout rompre à la fin de la pièce (les machinistes sont ainsi obligés de remonter le rideau de scène car les rappels ne cessent). Les acteurs ont joué ensemble avec tact et naturel. Il ont trouvé un point d’équilibre, faisant de la mise en scène du Technicien une représentation à déguster sans modération.
A ne pas manquer !
Compte rendu par Sabine Chaouche
Jours de représentations : du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 17h et 21h, le dimanche à 15h30
Réservations : 01.42.97.40.00
http://www.theatrepalaisroyal.com/informations-le-technicien-131.html
Réservations : 01.42.97.40.00
http://www.theatrepalaisroyal.com/informations-le-technicien-131.html