crédit photos Fanny Vambacas
Première œuvre tragique de Voltaire, qui se mesurait là à Corneille et Racine, Œdipe était remis en scène au Lucernaire par la compagnie du Théâtre du Loup blanc, renouant ainsi avec le succès éclatant de 1718.
On est bien sûr loin du spectaculaire privilégié par Voltaire en son temps, étant donné les conditions spartiates de représentation, mais la mise en scène de Jean-Claude Seguin sait jouer de la contrainte (le baril sonore à souhait, à défaut de fût de colonne antique, est magnifiquement pertinent). La question du chœur en particulier, si épineuse pour Voltaire qu’il lui consacra une épître entière pour la discuter, est intelligemment réglée : pas de figuration superflue, mais des effets sonores en écho extrêmement efficaces et respectueux du texte original, imaginés par Andréa Cohen. L’espace resserré de la salle donnait également une intimité intéressante à la pièce, qui paraissait moins éloignée de nous que sa date de création pouvait le laisser craindre.
La distribution est en outre impeccable, avec une mention spéciale à la diction du Grand Prêtre (François Chaudat), apostrophant le public comme partie prenante du peuple thébain et dont le discours anticipe la lutte contre l’Infâme de l’auteur dans la suite de sa carrière. Œdipe (Vincent Domenach) est également remarquable, lui qui lutte désespérément contre sa destinée, et en rejette finalement la responsabilité sur les dieux : « Impitoyables dieux, mes crimes sont les vôtres, et vous m’en punissez ! »
Quant au décor, il est réduit à une branche d’arbre dénudée. Mais une branche très symbolique : remontée dans chaque entracte, elle figure probablement la mécanique tragique (cette « Machine infernale » qu’écrira Cocteau) tendant vers son paroxysme sanglant. Même si, au contraire de la source antique sophocléenne, Jocaste se poignarde chez Voltaire au lieu de se pendre… Dommage, le décor eût alors été parfait !
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, théâtre du Lucernaire, de janvier à mars 2012.
Extraits vidéo : http://www.visioscene.com/bande-annonce/24786/Oedipe+%28de+Voltaire%29
Et http://www.caspevi.com/oedipe-de-voltaire
Prochaines dates : http://www.theatreloupblanc.net/agenda.php
A noter : quelques dates encore pour l’excellente« Palatine » (dates sur le site).
On est bien sûr loin du spectaculaire privilégié par Voltaire en son temps, étant donné les conditions spartiates de représentation, mais la mise en scène de Jean-Claude Seguin sait jouer de la contrainte (le baril sonore à souhait, à défaut de fût de colonne antique, est magnifiquement pertinent). La question du chœur en particulier, si épineuse pour Voltaire qu’il lui consacra une épître entière pour la discuter, est intelligemment réglée : pas de figuration superflue, mais des effets sonores en écho extrêmement efficaces et respectueux du texte original, imaginés par Andréa Cohen. L’espace resserré de la salle donnait également une intimité intéressante à la pièce, qui paraissait moins éloignée de nous que sa date de création pouvait le laisser craindre.
La distribution est en outre impeccable, avec une mention spéciale à la diction du Grand Prêtre (François Chaudat), apostrophant le public comme partie prenante du peuple thébain et dont le discours anticipe la lutte contre l’Infâme de l’auteur dans la suite de sa carrière. Œdipe (Vincent Domenach) est également remarquable, lui qui lutte désespérément contre sa destinée, et en rejette finalement la responsabilité sur les dieux : « Impitoyables dieux, mes crimes sont les vôtres, et vous m’en punissez ! »
Quant au décor, il est réduit à une branche d’arbre dénudée. Mais une branche très symbolique : remontée dans chaque entracte, elle figure probablement la mécanique tragique (cette « Machine infernale » qu’écrira Cocteau) tendant vers son paroxysme sanglant. Même si, au contraire de la source antique sophocléenne, Jocaste se poignarde chez Voltaire au lieu de se pendre… Dommage, le décor eût alors été parfait !
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, théâtre du Lucernaire, de janvier à mars 2012.
Extraits vidéo : http://www.visioscene.com/bande-annonce/24786/Oedipe+%28de+Voltaire%29
Et http://www.caspevi.com/oedipe-de-voltaire
Prochaines dates : http://www.theatreloupblanc.net/agenda.php
A noter : quelques dates encore pour l’excellente« Palatine » (dates sur le site).