
Médée investit le théâtre de la Tempête sous la direction de Paulo Correia, à grand renfort de magie lumineuse et numérique. La pièce est en effet traitée comme un livre d’images façon Disney, mais en infiniment plus sombre (parfois même un peu trop). Les surimpressions de Gustave Doré, Callot… ainsi que la substitution d’une vapeur méphitique au personnage de Nérine suppléent aux pouvoirs magiques de l’héroïne qui est ainsi montrée commandant aux corbeaux et aux dragons ailés de la légende avec un naturel tout droit venu de l’heroic fantasy mais qui ne messied pas à cette relecture de la pièce de Pierre Corneille et lui donne une actualité revigorante.
Le texte est à la fois parfaitement respecté (les comédiens sont tout particulièrement fiers de s’être confrontés au vers du XVIIe siècle) et d’une crudité tout à fait moderne qui rappelle presque davantage Kramer contre Kramer que le merveilleux préclassique, car l’enjeu de pouvoir autour du sort des enfants du couple désuni ressort ici avec une acuité toute particulière. Sans parler du sous-texte de l’étrangère utilisée puis rejetée.
On pourra regretter l’excès de sonorisation, le mercurochrome un peu désuet qui recouvre un roi Égée torturé sans égard pour son rang, ainsi que l’échange un peu déroutant de costume entre Médée et Créuse à la fin (certes l’enchanteresse, dépouillée de sa robe empoisonnée, doit bien se vêtir et peut-être renaître à elle-même, mais on hésite tout de même, dans la pénombre, à reconnaître Gaële Boghossian dans la robe d’une Créuse beaucoup plus garce que d’habitude)… cependant l’introduction très claire pour situer l’intrigue (grâce au livre d’images déjà cité), l’énergie des comédiens et la force visuelle/virtuelle de la mise en scène entraînent l’adhésion. On ne peut qu’applaudir à un Corneille dépoussiéré sans trahison. Et qui séduit de nouveau une jeune génération adepte de jeux vidéo et de surproductions américaines sans déplaire aux plus âgés.
Noémie Courtès.
Vincennes, Cartoucherie, Théâtre de la Tempête, jusqu’au 21 avril 2013 (puis Nice en avril-mai).
Bande-annonce : http://www.youtube.com/watch?v=Qp2VzD1OW1I
Extrait France 3 Nice : http://www.dailymotion.com/video/xnkigk_nice-corneille-revisite-au-tnn_news#.UVXyjlcZPkM
Le texte est à la fois parfaitement respecté (les comédiens sont tout particulièrement fiers de s’être confrontés au vers du XVIIe siècle) et d’une crudité tout à fait moderne qui rappelle presque davantage Kramer contre Kramer que le merveilleux préclassique, car l’enjeu de pouvoir autour du sort des enfants du couple désuni ressort ici avec une acuité toute particulière. Sans parler du sous-texte de l’étrangère utilisée puis rejetée.
On pourra regretter l’excès de sonorisation, le mercurochrome un peu désuet qui recouvre un roi Égée torturé sans égard pour son rang, ainsi que l’échange un peu déroutant de costume entre Médée et Créuse à la fin (certes l’enchanteresse, dépouillée de sa robe empoisonnée, doit bien se vêtir et peut-être renaître à elle-même, mais on hésite tout de même, dans la pénombre, à reconnaître Gaële Boghossian dans la robe d’une Créuse beaucoup plus garce que d’habitude)… cependant l’introduction très claire pour situer l’intrigue (grâce au livre d’images déjà cité), l’énergie des comédiens et la force visuelle/virtuelle de la mise en scène entraînent l’adhésion. On ne peut qu’applaudir à un Corneille dépoussiéré sans trahison. Et qui séduit de nouveau une jeune génération adepte de jeux vidéo et de surproductions américaines sans déplaire aux plus âgés.
Noémie Courtès.
Vincennes, Cartoucherie, Théâtre de la Tempête, jusqu’au 21 avril 2013 (puis Nice en avril-mai).
Bande-annonce : http://www.youtube.com/watch?v=Qp2VzD1OW1I
Extrait France 3 Nice : http://www.dailymotion.com/video/xnkigk_nice-corneille-revisite-au-tnn_news#.UVXyjlcZPkM
