L’exposition présentée actuellement à Beaubourg est une exposition aussi exigeante que passionnante. Certains visiteurs renoncent d’ailleurs aux dernières salles (22 en tout) parce qu’ils venaient voir « Mondrian » et qu’ils se retrouvent à découvrir le mouvement néerlandais à l’origine de son art : « de Stijl ».
Il faut donc ménager ses forces : après les 4 premières salles consacrées à la naissance spiritualiste et théosophique de cette école, et les 12 suivantes dédiées à une monographie sur Mondrian centrée sur ses années parisiennes, il faut garder des forces pour les 6 grands espaces finaux qui complètent la vision d’ensemble du mouvement (sa diffusion et son élargissement européen) et la présentation du travail protéiforme de son chef de file : Theo Van Doesburg.
Piet Mondri(a)an
L’évolution du style de Mondrian est clairement présentée, d’une pratique du paysage naturaliste et banal au seuil de l’abstraction après 1911 et sa découverte du cubisme (avec en particulier le processus de simplification de ses arbres, d’un dessin académique aux réseaux centripètes qu’on reconnaît immédiatement et qui finissent, quel que soit le « sujet », par ressembler à des cimetières militaires américains…). L’accent est ensuite mis sur sa période parisienne et son « néoplasticisme », théorisé en 1919, avec la reconstitution de son minuscule atelier aux lignes géométriques correspondant à ses œuvres (10 visiteurs maximum). L’accrochage de ses toiles obéit à cette volonté de défier la symétrie : en losange, très haut sur le mur. On voit très bien la radicalisation du procédé, vers la monochromie d’abord, puis, lorsque Mondrian est à New York, de nouveau vers la couleur et l’angle droit.
Il faut donc ménager ses forces : après les 4 premières salles consacrées à la naissance spiritualiste et théosophique de cette école, et les 12 suivantes dédiées à une monographie sur Mondrian centrée sur ses années parisiennes, il faut garder des forces pour les 6 grands espaces finaux qui complètent la vision d’ensemble du mouvement (sa diffusion et son élargissement européen) et la présentation du travail protéiforme de son chef de file : Theo Van Doesburg.
Piet Mondri(a)an
L’évolution du style de Mondrian est clairement présentée, d’une pratique du paysage naturaliste et banal au seuil de l’abstraction après 1911 et sa découverte du cubisme (avec en particulier le processus de simplification de ses arbres, d’un dessin académique aux réseaux centripètes qu’on reconnaît immédiatement et qui finissent, quel que soit le « sujet », par ressembler à des cimetières militaires américains…). L’accent est ensuite mis sur sa période parisienne et son « néoplasticisme », théorisé en 1919, avec la reconstitution de son minuscule atelier aux lignes géométriques correspondant à ses œuvres (10 visiteurs maximum). L’accrochage de ses toiles obéit à cette volonté de défier la symétrie : en losange, très haut sur le mur. On voit très bien la radicalisation du procédé, vers la monochromie d’abord, puis, lorsque Mondrian est à New York, de nouveau vers la couleur et l’angle droit.
Theo Van Doesburg
Mais outre cette présentation très complète et visuellement frappante, l’intérêt de l’exposition est dans ce qu’on voit peu en France : les deux sections sur de Stilj.
Mondrian n’était pas seul et Theo Van Doesburg apparaît même comme un rival beaucoup plus complet et fascinant que lui. Au risque, à son tour, d’éclipser les autres expérimentateurs (Bart Van der Leck, Georges Vantongerloo, Gerrit Rietvelt dont on peut voir LA chaise, etc.) du mouvement, à la recherche eux aussi d’éléments invariants et de langage universel. On regrettera ainsi que ses trois Vaches présentées ne soient pas mises en regard (la première très classique, la seconde cubiste, la dernière isolée une dizaine de salles plus loin, totalement néoplastique). Le spectateur est en particulier frappé par la richesse des couleurs qu’il utilise : les vitraux exposés sont hypnotiques, ses Contre-compositions enthousiasmantes. Quant à la dernière section, elle montre la richesse de l’héritage de de Stilj, dans l’architecture, la décoration intérieure (il faut aller voir le Café de l’Aubette à Strasbourg, œuvre de Doesburg et de Sophie Taueber, récemment restauré) et un urbanisme à la limite de la bande dessinée d’anticipation, reconstitué pour l’occasion.
Aérée, lumineuse, l’exposition est en outre enrichie par la présentation de nombreux livres et manifestes, et surtout par plusieurs séries de photographies soigneusement scénographiées, dont des portraits de Mondrian par Kertész (qu’on peut également voir au Jeu de Paume en ce moment).
On sort mesmérisé, épuisé, mais épanoui d’avoir approché d’aussi près une aventure intellectuelle et esthétique d’une telle ampleur.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Paris, Centre Beaubourg, jusqu’au 21 mars 2011.
Dossier en ligne (français/English) :
http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Pedagogie.nsf/DossiersPedagogique
Mais outre cette présentation très complète et visuellement frappante, l’intérêt de l’exposition est dans ce qu’on voit peu en France : les deux sections sur de Stilj.
Mondrian n’était pas seul et Theo Van Doesburg apparaît même comme un rival beaucoup plus complet et fascinant que lui. Au risque, à son tour, d’éclipser les autres expérimentateurs (Bart Van der Leck, Georges Vantongerloo, Gerrit Rietvelt dont on peut voir LA chaise, etc.) du mouvement, à la recherche eux aussi d’éléments invariants et de langage universel. On regrettera ainsi que ses trois Vaches présentées ne soient pas mises en regard (la première très classique, la seconde cubiste, la dernière isolée une dizaine de salles plus loin, totalement néoplastique). Le spectateur est en particulier frappé par la richesse des couleurs qu’il utilise : les vitraux exposés sont hypnotiques, ses Contre-compositions enthousiasmantes. Quant à la dernière section, elle montre la richesse de l’héritage de de Stilj, dans l’architecture, la décoration intérieure (il faut aller voir le Café de l’Aubette à Strasbourg, œuvre de Doesburg et de Sophie Taueber, récemment restauré) et un urbanisme à la limite de la bande dessinée d’anticipation, reconstitué pour l’occasion.
Aérée, lumineuse, l’exposition est en outre enrichie par la présentation de nombreux livres et manifestes, et surtout par plusieurs séries de photographies soigneusement scénographiées, dont des portraits de Mondrian par Kertész (qu’on peut également voir au Jeu de Paume en ce moment).
On sort mesmérisé, épuisé, mais épanoui d’avoir approché d’aussi près une aventure intellectuelle et esthétique d’une telle ampleur.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Paris, Centre Beaubourg, jusqu’au 21 mars 2011.
Dossier en ligne (français/English) :
http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Pedagogie.nsf/DossiersPedagogique