(c) Pierre Grosbois
Après l’Egisto de Marco Marassoli et Virgilio Mazzocchi présenté en octobre dernier à l’Athénée-Louis Jouvet, c’est au tour de l’Opéra comique d’exhumer un Egisto, vénitien cette fois, et de 1643 : l’œuvre de Cavalli, sur un livret de Giovanni Faustini.
Sous la direction de Vincent Dumestre à la tête de son Poème harmonique, cette favola drammatica musicale en trois actes et un prologue est un chassé-croisé entre deux couples d’amoureux (pimenté du personnage d’un frère qui joue le trouble-fête jaloux, Cyril Auvity), intervertis sur l’ordre d’une Vénus vindicative (Mélodie Ruvio) par les flèches d’un Cupidon qu’on n’y reprendra pas (Ana Quintrans). Le tout assaisonné d’un naufrage, la captivité (amoureuse et réelle), …, ainsi que des divinités et autres ombres chtoniennes (Sémélé, Phèdre, Didon et Héro, toutes quatre mortes de désespoir amoureux). Il y a même deux rôles de travesti (la Nuit, Dema), servis par un Serge Goubiaud transformé par son costume en écorché de J. F. Gautier d'Agoty. Bref, tous les ingrédients de la dramaturgie baroque sont au rendez-vous pour servir de prétexte à des dissonances sublimes et des airs superbes : « Pleurez, yeux dolents » de Climène (Isabelle Druet) par exemple, ou encore la folie d’Egisto (Marc Mauillon) puis sa guérison. L’orchestre est comme à l’habitude très fin et la distribution, exceptionnellement homogène, excellent.
Quant à la mise en scène, imaginée par Benjamin Lazar, elle est fidèle à ses partis pris esthétiques traditionnels : le plateau est éclairé à la bougie, d’abord progressivement pour simuler le lever du soleil, puis entièrement pour illuminer doucement la progression de l’intrigue et faire chatoyer les costumes botticelliens d’Alain Blanchot. Le décor précieux créé par Adeline Caron est un locus amœnus, une architecture de pierre et de brique rongée par le temps et mangée par la végétation (un arbre est en effet nécessaire pour accueillir la promesse d’amour « éternel » de Clori à Lidio) à mi-chemin entre un hameau marie-antoinettien et les vitraux de Bourges. A deux registres, il permet aux dieux et aux mortels de se superposer avec un grand naturel, puis aux dieux et aux ombres de se rencontrer aux Enfers. Surtout, il tourne, ce qui sauve la mise en scène du statisme avec ingéniosité.
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, Opéra comique, du 1er au 9 février 2012. (introduction à l’œuvre 40 min avant chaque représentation)
Dossier en ligne (photos, vidéos, dossier pédagogique) :
http://www.opera-comique.com/fr/egisto/egisto.html
Sous la direction de Vincent Dumestre à la tête de son Poème harmonique, cette favola drammatica musicale en trois actes et un prologue est un chassé-croisé entre deux couples d’amoureux (pimenté du personnage d’un frère qui joue le trouble-fête jaloux, Cyril Auvity), intervertis sur l’ordre d’une Vénus vindicative (Mélodie Ruvio) par les flèches d’un Cupidon qu’on n’y reprendra pas (Ana Quintrans). Le tout assaisonné d’un naufrage, la captivité (amoureuse et réelle), …, ainsi que des divinités et autres ombres chtoniennes (Sémélé, Phèdre, Didon et Héro, toutes quatre mortes de désespoir amoureux). Il y a même deux rôles de travesti (la Nuit, Dema), servis par un Serge Goubiaud transformé par son costume en écorché de J. F. Gautier d'Agoty. Bref, tous les ingrédients de la dramaturgie baroque sont au rendez-vous pour servir de prétexte à des dissonances sublimes et des airs superbes : « Pleurez, yeux dolents » de Climène (Isabelle Druet) par exemple, ou encore la folie d’Egisto (Marc Mauillon) puis sa guérison. L’orchestre est comme à l’habitude très fin et la distribution, exceptionnellement homogène, excellent.
Quant à la mise en scène, imaginée par Benjamin Lazar, elle est fidèle à ses partis pris esthétiques traditionnels : le plateau est éclairé à la bougie, d’abord progressivement pour simuler le lever du soleil, puis entièrement pour illuminer doucement la progression de l’intrigue et faire chatoyer les costumes botticelliens d’Alain Blanchot. Le décor précieux créé par Adeline Caron est un locus amœnus, une architecture de pierre et de brique rongée par le temps et mangée par la végétation (un arbre est en effet nécessaire pour accueillir la promesse d’amour « éternel » de Clori à Lidio) à mi-chemin entre un hameau marie-antoinettien et les vitraux de Bourges. A deux registres, il permet aux dieux et aux mortels de se superposer avec un grand naturel, puis aux dieux et aux ombres de se rencontrer aux Enfers. Surtout, il tourne, ce qui sauve la mise en scène du statisme avec ingéniosité.
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, Opéra comique, du 1er au 9 février 2012. (introduction à l’œuvre 40 min avant chaque représentation)
Dossier en ligne (photos, vidéos, dossier pédagogique) :
http://www.opera-comique.com/fr/egisto/egisto.html