(c) Anna Solé
On a beaucoup parlé de Carolyn Carlson et de sa Blue Lady depuis sa création en 1983 à Venise. On en a beaucoup reparlé en 2008 lorsqu’il lui est venu l’idée inédite de la transmettre à un homme, transgressant ainsi l’identité féminine au cœur de la chorégraphie. Mais il faut surtout voir ce spectacle pour ses propres qualités, son écriture fluide et la performance que cela représente d’être seul(e) en scène pendant plus d’une heure, à tourbillonner au rythme envoûtant de la musique répétitive de René Aubry, dans un décor allusif tout en arbre planté là et dirigeable miniature sur ciel azuré.
On croyait tout connaître de cette œuvre qui présente successivement en quatre tableaux l’odyssée minuscule d’une femme ordinaire, de jupe en jupe petite fille puis belle jeune femme, mère puis enfin vieille dame – pour autant qu’on puisse plaquer un argument sur les mouvements gracieux ou anguleux du personnage. Mais Blue Lady (revisited) bouleverse les souvenirs que l’on pouvait avoir de la chorégraphie première. Le mimétisme est stupéfiant, sans que Tero Saarinen en soit pour autant écrasé. Curieusement, alors que la danseuse était toute en coudes et genoux, en désespoir sémaphorique, la danse devient, au masculin, veloutée et plus ondoyante que jamais ; les ligaments en creux de Carolyn Carlson se font rondeur musculeuse, et, excepté la silhouette drapée du troisième tableau évidemment moins écarlatement féminine, presque plus douce et séduisante.
Des gambades d’enfant, en avant, en arrière, en tours obsessionnels qui dervichent à l’infini, l’énergie qui se dégage du danseur est prodigieusement sensuelle et sert parfaitement le propos.
Les modifications qui ont été apportées au spectacle renforcent la radicale nouveauté sans dénaturer son identité d’ores et déjà mythique : la capeline devient galette de curé, le torse nu remplace l’académique bleu. Surtout, des allusions/superpositions évanescentes (et discrètes) créent un dialogue entre vidéo et spectacle vivant qui rend hommage à la figure tutélaire/titulaire tout en accusant la spécificité de cette relecture. On a l’impression de voir tout à la fois, en même temps, Carolyn et Tero, l’un évoquant l’autre, l’un réécrivant l’autre, jusqu’au point de fusion parfaite entre deux interprètes qui se correspondent exactement.
Compte rendu par Noémie Courtès.
La tournée du spectacle continue jusqu’en juin.
Extraits vidéo :
De la version de Tero Saarinen : http://www.youtube.com/watch?v=oYi37I7vWfw
Le travail du féminin au masculin (Jacky Berger) : http://culturebox.france3.fr/all/23221/blue-lady-de-carolyn-carlson-dans-sa-version-revisitee#/all/23221/blue-lady-de-carolyn-carlson-dans-sa-version-revisitee
De la version initiale :
The Red Dress : http://www.youtube.com/watch?v=x7d28h-zG5Y&NR=1
Tree Song : http://www.youtube.com/watch?v=IHuTRnsd-IQ&NR=1
Finale : http://www.youtube.com/watch?v=dWMVswEHiuA&feature=related
On croyait tout connaître de cette œuvre qui présente successivement en quatre tableaux l’odyssée minuscule d’une femme ordinaire, de jupe en jupe petite fille puis belle jeune femme, mère puis enfin vieille dame – pour autant qu’on puisse plaquer un argument sur les mouvements gracieux ou anguleux du personnage. Mais Blue Lady (revisited) bouleverse les souvenirs que l’on pouvait avoir de la chorégraphie première. Le mimétisme est stupéfiant, sans que Tero Saarinen en soit pour autant écrasé. Curieusement, alors que la danseuse était toute en coudes et genoux, en désespoir sémaphorique, la danse devient, au masculin, veloutée et plus ondoyante que jamais ; les ligaments en creux de Carolyn Carlson se font rondeur musculeuse, et, excepté la silhouette drapée du troisième tableau évidemment moins écarlatement féminine, presque plus douce et séduisante.
Des gambades d’enfant, en avant, en arrière, en tours obsessionnels qui dervichent à l’infini, l’énergie qui se dégage du danseur est prodigieusement sensuelle et sert parfaitement le propos.
Les modifications qui ont été apportées au spectacle renforcent la radicale nouveauté sans dénaturer son identité d’ores et déjà mythique : la capeline devient galette de curé, le torse nu remplace l’académique bleu. Surtout, des allusions/superpositions évanescentes (et discrètes) créent un dialogue entre vidéo et spectacle vivant qui rend hommage à la figure tutélaire/titulaire tout en accusant la spécificité de cette relecture. On a l’impression de voir tout à la fois, en même temps, Carolyn et Tero, l’un évoquant l’autre, l’un réécrivant l’autre, jusqu’au point de fusion parfaite entre deux interprètes qui se correspondent exactement.
Compte rendu par Noémie Courtès.
La tournée du spectacle continue jusqu’en juin.
Extraits vidéo :
De la version de Tero Saarinen : http://www.youtube.com/watch?v=oYi37I7vWfw
Le travail du féminin au masculin (Jacky Berger) : http://culturebox.france3.fr/all/23221/blue-lady-de-carolyn-carlson-dans-sa-version-revisitee#/all/23221/blue-lady-de-carolyn-carlson-dans-sa-version-revisitee
De la version initiale :
The Red Dress : http://www.youtube.com/watch?v=x7d28h-zG5Y&NR=1
Tree Song : http://www.youtube.com/watch?v=IHuTRnsd-IQ&NR=1
Finale : http://www.youtube.com/watch?v=dWMVswEHiuA&feature=related