(c) Flore Gandiol
Comment réagir lorsque sa vieille mère de quatre-vingt douze ans déclare avec aplomb qu’elle mettra fin à sa vie le 17 novembre ? Lorsqu’elle souhaite se retirer comme ces vieilles Indiennes qui quittaient leur tribut pour mieux mourir lorsque venait l’hiver ?
Mis en scène par Gérald Chatelain, le texte de la sociologue Noëlle Chatelet explore l’euthanasie non du côté de la candidate au suicide, mais du côté de ses proches, de ceux qui restent, de ceux qui souffrent et qui peinent à comprendre la décision irrévocable et mûrement réfléchie. Le propos est grave, mais dans le texte interprété par Catherine Rétoré face à une mère de quelques dizaines de centimètres de haut, manipulée par deux marionnettistes (Sylvain Blanchard et Natacha Stoyanova), rien ne pèse ni ne pose. L’ancienne sage-femme qui a choisi de mourir se fait si légère qu’elle peut s’envoler à tout moment et la mort n’est plus qu’une ombre chinoise qui témoigne des bonheurs passés. Couchée au bord d’un plateau incliné percé de portes qui sont autant des fenêtres que des portes de caveau ou surfant sur les mots, la fille est à recherche d’un nouvel équilibre après le premier choc, bouleversée, inconsolable et révoltée jusqu’à l’acceptation sans cesse remise en cause.
La question est finalement de savoir quand c’est trop tôt, quand c’est trop tard, lorsque tout se déglingue : très pudiquement, rien n’est dit du corps, mais le four tombe en panne et la chemise de nuit est élimée, alors il est temps de partir… La mère a d’ailleurs retrouvé pour dialoguer avec sa fille une voix juvénile (Sabine Haudepin) en complet décalage avec ses cheveux blancs et sa robe de veuve. Le récit rétrospectif, sous forme de lettre à la morte, est entendu comme une leçon d’amour très simple, sans pathos pâteux ni impératif prescriptif en dépit du partenariat avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité qui interviendra pour un débat organisé après le spectacle des 12, 19 et 22 mai.
Noémie Courtès
Biennale internationale des arts de la marionnette.
La Dernière Leçon, théâtre Artistic Athévains, 45, rue Richard Lenoir, Paris 11 (tous les jours jusqu’au 31 mai, sauf lundi).
Texte intégral aux éditions du Seuil (prix Renaudot des lycéens 2004).
Mis en scène par Gérald Chatelain, le texte de la sociologue Noëlle Chatelet explore l’euthanasie non du côté de la candidate au suicide, mais du côté de ses proches, de ceux qui restent, de ceux qui souffrent et qui peinent à comprendre la décision irrévocable et mûrement réfléchie. Le propos est grave, mais dans le texte interprété par Catherine Rétoré face à une mère de quelques dizaines de centimètres de haut, manipulée par deux marionnettistes (Sylvain Blanchard et Natacha Stoyanova), rien ne pèse ni ne pose. L’ancienne sage-femme qui a choisi de mourir se fait si légère qu’elle peut s’envoler à tout moment et la mort n’est plus qu’une ombre chinoise qui témoigne des bonheurs passés. Couchée au bord d’un plateau incliné percé de portes qui sont autant des fenêtres que des portes de caveau ou surfant sur les mots, la fille est à recherche d’un nouvel équilibre après le premier choc, bouleversée, inconsolable et révoltée jusqu’à l’acceptation sans cesse remise en cause.
La question est finalement de savoir quand c’est trop tôt, quand c’est trop tard, lorsque tout se déglingue : très pudiquement, rien n’est dit du corps, mais le four tombe en panne et la chemise de nuit est élimée, alors il est temps de partir… La mère a d’ailleurs retrouvé pour dialoguer avec sa fille une voix juvénile (Sabine Haudepin) en complet décalage avec ses cheveux blancs et sa robe de veuve. Le récit rétrospectif, sous forme de lettre à la morte, est entendu comme une leçon d’amour très simple, sans pathos pâteux ni impératif prescriptif en dépit du partenariat avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité qui interviendra pour un débat organisé après le spectacle des 12, 19 et 22 mai.
Noémie Courtès
Biennale internationale des arts de la marionnette.
La Dernière Leçon, théâtre Artistic Athévains, 45, rue Richard Lenoir, Paris 11 (tous les jours jusqu’au 31 mai, sauf lundi).
Texte intégral aux éditions du Seuil (prix Renaudot des lycéens 2004).