La Comédie-française, fidèle à sa mission patrimoniale, reprend jusqu’au 6 mars la pièce-manifeste de Molière consécutive au scandale de L’Ecole des femmes en 1662.
Peu jouée, et jamais seule (le metteur en scène – Clément Hervieu-Léger – a pris soin d’insérer un morceau de L’Ecole des femmes pour les spectateurs qui ne seraient pas familiers de la pièce initiale), cette œuvre de circonstance présente pourtant une jolie esquisse d’un salon mondain où débattent pour et contre six personnages en quête de valeurs. Il s’agit de faire l’apologie de la comédie, surtout lorsqu’elle a du succès : « Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin » s’interroge Dorante. Mais Climène s’épouvante des ambiguïtés de la pièce (le « le »), le marquis appuie ses jugements en se ridiculisant (la « tarte à la crème ») et Lysidas fait le beau parce qu’il cherche à faire approuver sa propre pièce. Face à eux, Uranie, Elise et Dorante soutiennent un point de vue plus naturel et spontané, fondé sur le goût des honnêtes gens. La pièce n’a pas de fin – puisque personne ne veut démordre de son opinion – que son recommencement, lorsque le laquais invite à passer à table.
Sur la scène exiguë du Studio Théâtre, Molière préside à la discussion, présent en effigie, puisque le fond du décor représente les farceurs français et italiens de son époque. Quant au salon, il devient chantier moderne, entre escalier de bois brut et toiles roulées, mais cela ne modifie en rien le dialogue incisif qu’il accueille. Les répliques s’enchaînent avec toute la rapidité voulue par l’écriture du maître de maison, l’ironie est ciselée avec précision (par Elise en particulier – Georgia Scalliet). On regrettera peut-être l’outrance des vapeurs de Climène (Elsa Lepoivre), qui n’aurait pas besoin de cet artifice pour être drôle dans sa superficialité feinte. Mais le jeu comique de Lysidas convient parfaitement à Christian Hecq (qu’on peut voir en alternance dans Le Fil à la patte de Feydeau, ainsi que Serge Bagdassarian et Jérémy Lopez). Uranie est tour à tour rêveuse ou piquante (Clotilde de Bayser) pour donner la réplique au chevalier (Loïc Corbery), qui la soutient galamment.
La salle est comble pour cette pièce d’ordinaire négligée et sa mécanique bien huilée fait mouche régulièrement. Les sept comédiens la servent en effet avec verve et une grande complicité, si bien qu’on ne voit pas passer l’heure de la représentation.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Paris, Carrousel du Louvre, jusqu’au 6 mars.
Peu jouée, et jamais seule (le metteur en scène – Clément Hervieu-Léger – a pris soin d’insérer un morceau de L’Ecole des femmes pour les spectateurs qui ne seraient pas familiers de la pièce initiale), cette œuvre de circonstance présente pourtant une jolie esquisse d’un salon mondain où débattent pour et contre six personnages en quête de valeurs. Il s’agit de faire l’apologie de la comédie, surtout lorsqu’elle a du succès : « Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin » s’interroge Dorante. Mais Climène s’épouvante des ambiguïtés de la pièce (le « le »), le marquis appuie ses jugements en se ridiculisant (la « tarte à la crème ») et Lysidas fait le beau parce qu’il cherche à faire approuver sa propre pièce. Face à eux, Uranie, Elise et Dorante soutiennent un point de vue plus naturel et spontané, fondé sur le goût des honnêtes gens. La pièce n’a pas de fin – puisque personne ne veut démordre de son opinion – que son recommencement, lorsque le laquais invite à passer à table.
Sur la scène exiguë du Studio Théâtre, Molière préside à la discussion, présent en effigie, puisque le fond du décor représente les farceurs français et italiens de son époque. Quant au salon, il devient chantier moderne, entre escalier de bois brut et toiles roulées, mais cela ne modifie en rien le dialogue incisif qu’il accueille. Les répliques s’enchaînent avec toute la rapidité voulue par l’écriture du maître de maison, l’ironie est ciselée avec précision (par Elise en particulier – Georgia Scalliet). On regrettera peut-être l’outrance des vapeurs de Climène (Elsa Lepoivre), qui n’aurait pas besoin de cet artifice pour être drôle dans sa superficialité feinte. Mais le jeu comique de Lysidas convient parfaitement à Christian Hecq (qu’on peut voir en alternance dans Le Fil à la patte de Feydeau, ainsi que Serge Bagdassarian et Jérémy Lopez). Uranie est tour à tour rêveuse ou piquante (Clotilde de Bayser) pour donner la réplique au chevalier (Loïc Corbery), qui la soutient galamment.
La salle est comble pour cette pièce d’ordinaire négligée et sa mécanique bien huilée fait mouche régulièrement. Les sept comédiens la servent en effet avec verve et une grande complicité, si bien qu’on ne voit pas passer l’heure de la représentation.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Paris, Carrousel du Louvre, jusqu’au 6 mars.