Le propos était d’illustrer les rapports des monuments historiques avec le cinéma, à travers un parcours en cinq temps des rôles qu’ils peuvent endosser : Personnage historique (ou comment être le partenaire de Napoléon ou de Vatel), Personnage de fiction (comment devenir la Notre-Dame de Quasimodo ou le Château d’If du Comte de Monte-Cristo), Acteur de composition (parce que le décor a disparu et qu’il faut le reconstituer), Monument rêvé (lorsque le Pierrefonds de Viollet-le-Duc influence le château de la Belle au bois dormant), Vedette invitée (quand Paris est éternel et sert d’arrière-fond aux balades de la Nouvelle Vague par exemple).
Les châteaux tenaient évidemment la vedette : à se demander comment le cinéma aurait fait sans eux… Sans eux, pas de Jeanne d’Arc ou de Barbe-bleue, et donc ni de Méliès ni de Dreyer ! Pas plus que de Jean Marais, virevoltant de douves en escaliers, passant du rôle de Bête chez Cocteau à celui de Roi incestueux chez Demy un quart de siècle après, Catherine Deneuve remplaçant Josette Day sur leur commun lit arboré.
Dans le cadre somptueux de la Conciergerie (qui a vu le tournage de maints films, le Danton de Wajda en tête), l’exposition s’étendait entre des fermes de bois qui distribuent l’espace autour de grandes affiches, de photographies et de notes de tournage, d’objets (un arbre du Perceval de Rohmer !), de costumes (ceux d’Henri IV et de la Reine Margot de Patrice Chéreau), … Les projections étaient nombreuses : des boucles de 5mn étaient diffusées sur petit et grand écran et faisaient rêver à ces films anciens et récents qu’on se souvient d’avoir vus ou qu’on regrette d’avoir manqués. On pouvait même entrer dans le film à deux reprises, dans le décor horrifique du Royaume des fées et dans une 2CV qui laissait filer Azay-le-Rideau par sa lunette arrière…
Le résultat était évidemment éclectique étant donné l’ampleur du sujet, mais la scénographie était très convaincante. La section qui montrait la continuité des gravures de Doré à Disney pour inventer la silhouette d’un château mythique de conte de fées par exemple. Et très esthétique : la spectrale projection d’une languissante Marie-Antoinette en robe blanche sur la paroi crémeuse était tout à fait frappante dans la pénombre de la grand salle des Gardes.
Présentée comme un studio de cinéma, l’exposition dévoilait surtout l’envers du tournage et rendait hommage au travail des décorateurs, machinistes, menuisiers, peintres et autres maquilleurs de décors qui permettent aux monuments de faire bonne figure face aux premiers rôles et sous l’assaut des figurants. On y apprenait comment fut recréé Versailles, et Chantilly, et le Paris de la Révolution ou encore comment la vision du Moyen Âge a évolué devant les caméras alors même que c’est toujours Carcassonne qui l’emblématise jusques et surtout dans les films américains. On y croisait aussi la vision des scénaristes et des réalisateurs : le Prévert du Roi et l’oiseau, le Frears des Liaisons dangereuses… C’est après et d’après celles des frères Limbourg, les Riches Heures du cinéma.
Compte rendu par Noémie Courtès.
L'exposition s'est tenue à Paris, à la Conciergerie (jusqu’au 13 février).
Le billet d’entrée donnait droit à la visite du bâtiment, ainsi qu’au musée de la Cinémathèque.
Catalogue : Monuments, stars du 7e art, Editions du patrimoine, 2010, 256 pages, 240 illustrations.
Les châteaux tenaient évidemment la vedette : à se demander comment le cinéma aurait fait sans eux… Sans eux, pas de Jeanne d’Arc ou de Barbe-bleue, et donc ni de Méliès ni de Dreyer ! Pas plus que de Jean Marais, virevoltant de douves en escaliers, passant du rôle de Bête chez Cocteau à celui de Roi incestueux chez Demy un quart de siècle après, Catherine Deneuve remplaçant Josette Day sur leur commun lit arboré.
Dans le cadre somptueux de la Conciergerie (qui a vu le tournage de maints films, le Danton de Wajda en tête), l’exposition s’étendait entre des fermes de bois qui distribuent l’espace autour de grandes affiches, de photographies et de notes de tournage, d’objets (un arbre du Perceval de Rohmer !), de costumes (ceux d’Henri IV et de la Reine Margot de Patrice Chéreau), … Les projections étaient nombreuses : des boucles de 5mn étaient diffusées sur petit et grand écran et faisaient rêver à ces films anciens et récents qu’on se souvient d’avoir vus ou qu’on regrette d’avoir manqués. On pouvait même entrer dans le film à deux reprises, dans le décor horrifique du Royaume des fées et dans une 2CV qui laissait filer Azay-le-Rideau par sa lunette arrière…
Le résultat était évidemment éclectique étant donné l’ampleur du sujet, mais la scénographie était très convaincante. La section qui montrait la continuité des gravures de Doré à Disney pour inventer la silhouette d’un château mythique de conte de fées par exemple. Et très esthétique : la spectrale projection d’une languissante Marie-Antoinette en robe blanche sur la paroi crémeuse était tout à fait frappante dans la pénombre de la grand salle des Gardes.
Présentée comme un studio de cinéma, l’exposition dévoilait surtout l’envers du tournage et rendait hommage au travail des décorateurs, machinistes, menuisiers, peintres et autres maquilleurs de décors qui permettent aux monuments de faire bonne figure face aux premiers rôles et sous l’assaut des figurants. On y apprenait comment fut recréé Versailles, et Chantilly, et le Paris de la Révolution ou encore comment la vision du Moyen Âge a évolué devant les caméras alors même que c’est toujours Carcassonne qui l’emblématise jusques et surtout dans les films américains. On y croisait aussi la vision des scénaristes et des réalisateurs : le Prévert du Roi et l’oiseau, le Frears des Liaisons dangereuses… C’est après et d’après celles des frères Limbourg, les Riches Heures du cinéma.
Compte rendu par Noémie Courtès.
L'exposition s'est tenue à Paris, à la Conciergerie (jusqu’au 13 février).
Le billet d’entrée donnait droit à la visite du bâtiment, ainsi qu’au musée de la Cinémathèque.
Catalogue : Monuments, stars du 7e art, Editions du patrimoine, 2010, 256 pages, 240 illustrations.