(c) Mélanie Autier
Denis Lavant joue au théâtre de l’Epée de bois l’incroyable et insupportable et génial Céline. Le spectacle est d’une rare qualité : même le décor, pourtant spartiate (des manuscrits sur une corde à linge ; des cartons de livres), traduit parfaitement l’outrance décrite par Céline lui-même, lui qui écrivait des dizaines de milliers de pages pour chaque œuvre publiée, de Voyage au bout de la nuit à Rigodon. Le mimétisme est en outre frappant, l’incarnation subjuguante, dans la mise en scène d’Ivan Morane : pendant presque deux heures, Denis Lavant ressuscite Céline, sa parlure et sa diction.
A partir du prétexte de sa dernière lettre à son éditeur, en date du 30 juin 1961, le montage d’Emile Brami (d’après la correspondance de l’auteur) expose les pensées les plus intimes et insolentes de Céline sur son œuvre, sa façon d’écrire, la vie littéraire contemporaine. La violence est ominiprésente : dans le processus de création, la verdeur du langage, la détestation des autres, … Un des moments les plus jubilatoires est d’ailleurs la séquence qui met à mal tous les rivaux, de Proust à Genet en passant par Gide, en une logorrhée grinçante qui affirme crânement vouloir échanger tout Baudelaire contre une nageuse olympique…
L’éreintement est sans frein, à grand renfort d’injures antisémites et homophobes.
Le portrait est ressemblant, mais pas caricatural : on sent à la fois la fierté d’être un précurseur, un inventeur de forme, l’acharnement à se dépasser et la peur de (se) décevoir. La fragilité du personnage apparaît tout autant que sa démesure. Mais il y a de la grandeur à vouloir et savoir qu’on peut « faire danser les alligators sur la flûte de Pan ».
Compte rendu par Noémie Courtès.
Vincennes, Cartoucherie, Théâtre de l’Epée de bois jusqu’au 15 avril 2012.
Ensuite : samedi 2 juin 2012 au festival du mot à la Charité sur Loire (58) (http://www.festivaldumot.fr/ et mardi 9 octobre 2012 au International Festival SOLO au Theatre Centre Na Strastnom de Moscou
Informations en ligne (dont un dossier téléchargeable) :http://www.epeedebois.com/sp.fairedanser.html
Vidéo en ligne : http://www.youtube.com/watch?v=PhJry-293LQ&feature=related
A noter : prochain spectacle de la compagnie Ivan Morane et Réalités au Théâtre des Halles, Chapelle Sainte Claire à Avignon, du 7 au 28 juillet 2012 : « Faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère » (textes de Proust et Céline avec accompagnement musical).
A partir du prétexte de sa dernière lettre à son éditeur, en date du 30 juin 1961, le montage d’Emile Brami (d’après la correspondance de l’auteur) expose les pensées les plus intimes et insolentes de Céline sur son œuvre, sa façon d’écrire, la vie littéraire contemporaine. La violence est ominiprésente : dans le processus de création, la verdeur du langage, la détestation des autres, … Un des moments les plus jubilatoires est d’ailleurs la séquence qui met à mal tous les rivaux, de Proust à Genet en passant par Gide, en une logorrhée grinçante qui affirme crânement vouloir échanger tout Baudelaire contre une nageuse olympique…
L’éreintement est sans frein, à grand renfort d’injures antisémites et homophobes.
Le portrait est ressemblant, mais pas caricatural : on sent à la fois la fierté d’être un précurseur, un inventeur de forme, l’acharnement à se dépasser et la peur de (se) décevoir. La fragilité du personnage apparaît tout autant que sa démesure. Mais il y a de la grandeur à vouloir et savoir qu’on peut « faire danser les alligators sur la flûte de Pan ».
Compte rendu par Noémie Courtès.
Vincennes, Cartoucherie, Théâtre de l’Epée de bois jusqu’au 15 avril 2012.
Ensuite : samedi 2 juin 2012 au festival du mot à la Charité sur Loire (58) (http://www.festivaldumot.fr/ et mardi 9 octobre 2012 au International Festival SOLO au Theatre Centre Na Strastnom de Moscou
Informations en ligne (dont un dossier téléchargeable) :http://www.epeedebois.com/sp.fairedanser.html
Vidéo en ligne : http://www.youtube.com/watch?v=PhJry-293LQ&feature=related
A noter : prochain spectacle de la compagnie Ivan Morane et Réalités au Théâtre des Halles, Chapelle Sainte Claire à Avignon, du 7 au 28 juillet 2012 : « Faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère » (textes de Proust et Céline avec accompagnement musical).