
(c) Sabine Chaouche
Une nouvelle exposition passionnante aux Archives nationales : Le pouvoir en actes.
Il s’agit, à partir de documents issus de l’institution ainsi que de nombreuses collections françaises, d’exposer en quatre parties (plus un prologue apéritif dans la cour) comment se fonde, se dit et se conserve l’autorité, voire comment on le contrefait jusqu’à établir une nouvelle autorité.
L’exposition réussit à rendre vivants les différents manuscrits, diplômes et autres bulles (la rivalité temporelle du pape est largement illustrée) qui doivent rendre manifeste une autorité impalpable et expliquent l’importance des scribes qui authentifient les actes, du Moyen Âge à nos jours. Certains documents sont tout à fait exceptionnels : procès-verbal du Serment du Jeu de Paume, les états successifs de la loi d’abolition de la peine de mort, les travaux de la commission pour l’abolition de l’esclavage (proclamée, mais jamais votée !).
Certaines séries soulignent les similitudes de situation : la loi constitutionnelle instituant l’État français le 10 juillet 1940 (dactylographiée sur un simple papier qui n’a l’air de rien) répond à la proclamation du Président Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851 (assortie d’un proclamation du Préfet aux habitants de Paris : « La grandeur de l’acte vous fait assez comprendre avec quel calme imposant et solennel doit se manifester le libre exercice de la souveraineté populaire […] Toute tentative de désordre sera donc promptement et inflexiblement réprimée »). D’autres s’attachent à manifester la continuité des pratiques, comme cette lettre patente d’avril 1994 pour donner pouvoir au ministre Gérard Longuet de signer un traité (« F. Mitterrand, Président de la République française, À tous qui ces présentes lettres verront, Salut »).
Les documents écrits sont présentés en regard d’extraits vidéo (films et animations), de gravures et de tableaux, ainsi que d’objets de toutes sortes : une stèle en dialecte éolien (calligraphiée sans espace et rehaussée de rouge), des sceaux romains, chinois et français (de toute époque) ainsi que la grande presse à sceller du Garde des Sceaux, la constitution de 1791 pilonnée en 1793... L’exposition présente ainsi le circuit des actes, depuis son en-tête jusqu’à la signature (dont un exemple turc, une tughra, présenté non loin d’une machine à signer qui répète inlassablement du Victor Hugo de 1848 !).
L’exposition se clôt sur la remise en cause du pouvoir, son effacement, sa contrefaçon naguère (avec de faux papiers datant de la dernière guerre) ainsi que sa mutation numérique aujourd’hui.
Encore une fois, c’est passionnant !
Noémie Courtès
Paris, Archives nationales, jusqu’au 24 juin 2013.
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/musee/exposition-le-pouvoir-en-actes.html
Programme fourni de conférences : tous les jeudis de 18 à 19h jusqu’au 20 juin, dans les salons de l’Hôtel de Soubise (sur inscription).
Journée d’étude : L’Autorité du féminin – Discours et représentations, de l’Antiquité à nous jours, 25 juin 2013, 9h-18h30.
Un livret reprenant les textes et les légendes est offert à l’entrée (version pdf : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/livret-le-pouvoir-en-actes.pdf.
Il s’agit, à partir de documents issus de l’institution ainsi que de nombreuses collections françaises, d’exposer en quatre parties (plus un prologue apéritif dans la cour) comment se fonde, se dit et se conserve l’autorité, voire comment on le contrefait jusqu’à établir une nouvelle autorité.
L’exposition réussit à rendre vivants les différents manuscrits, diplômes et autres bulles (la rivalité temporelle du pape est largement illustrée) qui doivent rendre manifeste une autorité impalpable et expliquent l’importance des scribes qui authentifient les actes, du Moyen Âge à nos jours. Certains documents sont tout à fait exceptionnels : procès-verbal du Serment du Jeu de Paume, les états successifs de la loi d’abolition de la peine de mort, les travaux de la commission pour l’abolition de l’esclavage (proclamée, mais jamais votée !).
Certaines séries soulignent les similitudes de situation : la loi constitutionnelle instituant l’État français le 10 juillet 1940 (dactylographiée sur un simple papier qui n’a l’air de rien) répond à la proclamation du Président Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851 (assortie d’un proclamation du Préfet aux habitants de Paris : « La grandeur de l’acte vous fait assez comprendre avec quel calme imposant et solennel doit se manifester le libre exercice de la souveraineté populaire […] Toute tentative de désordre sera donc promptement et inflexiblement réprimée »). D’autres s’attachent à manifester la continuité des pratiques, comme cette lettre patente d’avril 1994 pour donner pouvoir au ministre Gérard Longuet de signer un traité (« F. Mitterrand, Président de la République française, À tous qui ces présentes lettres verront, Salut »).
Les documents écrits sont présentés en regard d’extraits vidéo (films et animations), de gravures et de tableaux, ainsi que d’objets de toutes sortes : une stèle en dialecte éolien (calligraphiée sans espace et rehaussée de rouge), des sceaux romains, chinois et français (de toute époque) ainsi que la grande presse à sceller du Garde des Sceaux, la constitution de 1791 pilonnée en 1793... L’exposition présente ainsi le circuit des actes, depuis son en-tête jusqu’à la signature (dont un exemple turc, une tughra, présenté non loin d’une machine à signer qui répète inlassablement du Victor Hugo de 1848 !).
L’exposition se clôt sur la remise en cause du pouvoir, son effacement, sa contrefaçon naguère (avec de faux papiers datant de la dernière guerre) ainsi que sa mutation numérique aujourd’hui.
Encore une fois, c’est passionnant !
Noémie Courtès
Paris, Archives nationales, jusqu’au 24 juin 2013.
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/musee/exposition-le-pouvoir-en-actes.html
Programme fourni de conférences : tous les jeudis de 18 à 19h jusqu’au 20 juin, dans les salons de l’Hôtel de Soubise (sur inscription).
Journée d’étude : L’Autorité du féminin – Discours et représentations, de l’Antiquité à nous jours, 25 juin 2013, 9h-18h30.
Un livret reprenant les textes et les légendes est offert à l’entrée (version pdf : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/livret-le-pouvoir-en-actes.pdf.