Malgré l’importance de la question, peu de travaux ont été consacrés à l’entrée en scène, alors qu’elle ne cesse de poser question, qu’elle soit escamotée ou spectaculaire, soigneusement préparée ou perdue dans le flot des circulations, ou encore remise en cause par le concours de nouvelles technologies qui en modifient les modalités(1). L'incipit romanesque a fait l'objet de nombreuses études, alors que l'étude de la diversité des entrées dans les arts de la scène (théâtre, cirque, danse, marionnette, etc.) a été laissée en déshérence. La confrontation des différents arts de la scène autour de la question de l’entrée en scène suffit dès lors à éveiller notre intérêt.
Trois axes ont retenu notre attention.
Écrire l’entrée en scène
« L’entrée en scène est un élan. C’est le premier élan », disait Louis Jouvet. C’est une impulsion, un début, une ouverture. L’entrée en scène va bouleverser ce qui se joue sur le plateau et en modifier l’équilibre. Comment s’écrit ce moment ? Comment se codifient les entrées en scène ? Une double approche dramaturgique et scénique questionnera les modalités de l’écriture de l’entrée en scène, en essayant de dégager une perspective historique : qu’en est-il de l’entrée en scène sur la scène antique, élisabéthaine, classique ou romantique, moderne et contemporaine ? Quelles ressources techniques sont mobilisées pour quels effets ? L’entrée est-elle exhibée, escamotée, en décalage avec les attentes ? Est-elle traitée sur le mode de l’apparition, de l’irruption, de l’effraction ? Quels sont les registres de l’entrée en scène ?
Entrer en scène : la question du seuil
L’entrée en scène constitue le franchissement d’un seuil matérialisé par la scénographie : quels sont les dispositifs scéniques qui permettent l’entrée en scène ? Trappes, fenêtres, portes, mais aussi plis, escaliers, fils, mises en lumière ou en son, espaces vides. Comment le dispositif scénique (frontal, bi-frontal, quadrifrontal, circulaire, etc.) influe-t-il sur l’entrée en scène ?
En tant que seuil, passage d’un lieu à un autre, l’entrée en scène modifie celui qui entre. Que l’on passe de l’autre côté du miroir ou « sous la porte », c’est toujours la question du seuil qui se pose, et par là, celle de la relation instaurée par le spectacle ou la performance entre la scène et le monde. La question du franchissement se pose cette fois-ci côté interprète. Qu’est-ce qu’entrer en scène fait à l’acteur, au danseur, à l’acrobate, au chanteur, au marionnettiste, etc. ? Simple passage, incarnation ou au contraire désincarnation, perte, saut dans le vide, voire même suicide chez Valère Novarina (2). Dans tous les cas, « entrer sur le plateau, ce n’est quand même pas rien » (3), disait récemment Anne Alvaro. Nous souhaiterions des contributions rendant compte de cette modalité du passage chez l’interprète, telles qu’elles ont pu être théorisées, ressenties, vécues et rapportées. L’on pourra également s’intéresser à l’entrée des spectateurs, comme forme subvertie de l’entrée en scène.
Apprendre à entrer
On se demandera dans ce dernier axe comment est enseignée l’entrée en scène. Est-elle toujours un point d’acmé de la pratique scénique et de la formation de l’artiste ? Comment cet apprentissage a-t-il évolué dans les arts de la scène ? Quelles variations sont décelables d’un pédagogue à l’autre ? Ces variations sont-elles représentatives d’une pensée du théâtre qui pourrait être toute contenue dans les modalités de l’entrée en scène ? Enfin, comment la question de l’entrée en scène est-elle abordée dans les écoles aujourd’hui, et l’est-elle de la même manière dans la formation de l’acteur, du circassien, du marionnettiste, du performer ou du danseur ?
Les contributions pourront aborder des formes scéniques de toutes époques et de toutes aires géographiques, jusqu’aux créations contemporaines, afin de mettre en regard diverses pratiques et de dégager s’il est possible des perspectives historiques tout autant qu’esthétiques. Les domaines que nous souhaitons couvrir sont les suivants : théâtre, danse, opéra, cirque, marionnette, performance.
Les propositions d’article anonymes (3000 signes maximum, espaces compris) sont à faire parvenir avant le 30 mai 2012 au format .doc ou .rtf, accompagnées dans un document séparé d’un bref CV à l’adresse suivante : agon.entree.en.scene@gmail.com
Nous vous rappelons que la revue accueille les images, graphiques, fichiers sons (format .mp3 – encodage 44,1Ghz) et vidéos (format .flv) pourvus qu’ils soient en règle avec la législation en vigueur concernant les droits d’auteur, droits à l’image et droits de diffusion.
Nous invitons vivement les contributeurs à consulter les derniers dossiers de la revue Agôn (http://agon.ens-lyon.fr/index.php?id=142 pour prendre connaissance de notre ligne éditoriale.
1 L’on peut citer le numéro sur l’entrée en scène des Cahiers de la Comédie-Française, coordonné par Jean-Loup Rivière : L’Entrée en scène, sous la direction de Jean-Loup Rivière, Les Cahiers, n° 40, 2001.
Ce constat a donné lieu à deux journées d’études en mai 2009, organisées par l’E.N.S. de Lyon et l’Université Lumière – Lyon II, qui mettaient en parallèle la pratique théâtrale et la pratique cinématographique.
2 Valère Novarina, Le Théâtre des paroles, Paris, P.O.L., 2007.
3 Anne Alvaro, entretien avec Laure Adler, « Hors-Champs », France Culture, 26 janvier 2012.
Source: Dramatica
Trois axes ont retenu notre attention.
Écrire l’entrée en scène
« L’entrée en scène est un élan. C’est le premier élan », disait Louis Jouvet. C’est une impulsion, un début, une ouverture. L’entrée en scène va bouleverser ce qui se joue sur le plateau et en modifier l’équilibre. Comment s’écrit ce moment ? Comment se codifient les entrées en scène ? Une double approche dramaturgique et scénique questionnera les modalités de l’écriture de l’entrée en scène, en essayant de dégager une perspective historique : qu’en est-il de l’entrée en scène sur la scène antique, élisabéthaine, classique ou romantique, moderne et contemporaine ? Quelles ressources techniques sont mobilisées pour quels effets ? L’entrée est-elle exhibée, escamotée, en décalage avec les attentes ? Est-elle traitée sur le mode de l’apparition, de l’irruption, de l’effraction ? Quels sont les registres de l’entrée en scène ?
Entrer en scène : la question du seuil
L’entrée en scène constitue le franchissement d’un seuil matérialisé par la scénographie : quels sont les dispositifs scéniques qui permettent l’entrée en scène ? Trappes, fenêtres, portes, mais aussi plis, escaliers, fils, mises en lumière ou en son, espaces vides. Comment le dispositif scénique (frontal, bi-frontal, quadrifrontal, circulaire, etc.) influe-t-il sur l’entrée en scène ?
En tant que seuil, passage d’un lieu à un autre, l’entrée en scène modifie celui qui entre. Que l’on passe de l’autre côté du miroir ou « sous la porte », c’est toujours la question du seuil qui se pose, et par là, celle de la relation instaurée par le spectacle ou la performance entre la scène et le monde. La question du franchissement se pose cette fois-ci côté interprète. Qu’est-ce qu’entrer en scène fait à l’acteur, au danseur, à l’acrobate, au chanteur, au marionnettiste, etc. ? Simple passage, incarnation ou au contraire désincarnation, perte, saut dans le vide, voire même suicide chez Valère Novarina (2). Dans tous les cas, « entrer sur le plateau, ce n’est quand même pas rien » (3), disait récemment Anne Alvaro. Nous souhaiterions des contributions rendant compte de cette modalité du passage chez l’interprète, telles qu’elles ont pu être théorisées, ressenties, vécues et rapportées. L’on pourra également s’intéresser à l’entrée des spectateurs, comme forme subvertie de l’entrée en scène.
Apprendre à entrer
On se demandera dans ce dernier axe comment est enseignée l’entrée en scène. Est-elle toujours un point d’acmé de la pratique scénique et de la formation de l’artiste ? Comment cet apprentissage a-t-il évolué dans les arts de la scène ? Quelles variations sont décelables d’un pédagogue à l’autre ? Ces variations sont-elles représentatives d’une pensée du théâtre qui pourrait être toute contenue dans les modalités de l’entrée en scène ? Enfin, comment la question de l’entrée en scène est-elle abordée dans les écoles aujourd’hui, et l’est-elle de la même manière dans la formation de l’acteur, du circassien, du marionnettiste, du performer ou du danseur ?
Les contributions pourront aborder des formes scéniques de toutes époques et de toutes aires géographiques, jusqu’aux créations contemporaines, afin de mettre en regard diverses pratiques et de dégager s’il est possible des perspectives historiques tout autant qu’esthétiques. Les domaines que nous souhaitons couvrir sont les suivants : théâtre, danse, opéra, cirque, marionnette, performance.
Les propositions d’article anonymes (3000 signes maximum, espaces compris) sont à faire parvenir avant le 30 mai 2012 au format .doc ou .rtf, accompagnées dans un document séparé d’un bref CV à l’adresse suivante : agon.entree.en.scene@gmail.com
Nous vous rappelons que la revue accueille les images, graphiques, fichiers sons (format .mp3 – encodage 44,1Ghz) et vidéos (format .flv) pourvus qu’ils soient en règle avec la législation en vigueur concernant les droits d’auteur, droits à l’image et droits de diffusion.
Nous invitons vivement les contributeurs à consulter les derniers dossiers de la revue Agôn (http://agon.ens-lyon.fr/index.php?id=142 pour prendre connaissance de notre ligne éditoriale.
1 L’on peut citer le numéro sur l’entrée en scène des Cahiers de la Comédie-Française, coordonné par Jean-Loup Rivière : L’Entrée en scène, sous la direction de Jean-Loup Rivière, Les Cahiers, n° 40, 2001.
Ce constat a donné lieu à deux journées d’études en mai 2009, organisées par l’E.N.S. de Lyon et l’Université Lumière – Lyon II, qui mettaient en parallèle la pratique théâtrale et la pratique cinématographique.
2 Valère Novarina, Le Théâtre des paroles, Paris, P.O.L., 2007.
3 Anne Alvaro, entretien avec Laure Adler, « Hors-Champs », France Culture, 26 janvier 2012.
Source: Dramatica