Philosophe, c’est-à-dire aussi homme de sciences, Fontenelle a trouvé dans l’esthétique de l’opéra français une métaphore restée fameuse : « Je me figure toujours que la nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l’Opéra ». Dans les Entretiens sur la pluralité des modes, l’effet merveilleux que produit l’envol du héros pour clore un des actes du Phaéton de Quinault et Lully fournit ainsi à la fois un objet poétique et le support d’un exercice critique.
Or Fontenelle fut aussi poète, et même poète d’opéra, auteur des livrets de plusieurs tragédies en musique marquantes après la mort de Lully : Thétis & Pélée (1689), Énée & Lavinie (1690). Plus tôt encore, il collabora dès les années 1670 avec Thomas Corneille pour remplacer provisoirement Quinault auprès de Lully : en témoignent Psyché (1678) et Bellérophon (1679). Non moins remarquable : Fontenelle a contribué à la vogue moderne de la « pastorale héroïque » avec un Endymion, mis au moins deux fois en musique (1713 et 1720), et précédé dans le même genre d’une Œnone inachevée.
Cet aspect parfois méconnu de l’œuvre de Fontenelle reste encore à scruter, nonobstant l’attention particulière que lui ont prêtée les travaux de Catherine Kintzler, Camille Guyon-Lecoq ou Laura Naudeix. L’intérêt de Fontenelle pour l’opéra intéresse le tout ensemble d’une production où s’assemblent examen philosophique, textes scientifiques, pratique et théorie de la poésie pastorale, critique littéraire. En cela, il n’est pas exclu que le rapport de Fontenelle à l’opéra occupe une place capitale dans ses écrits et dans sa pensée, comme dans sa réception : plusieurs vers de Thétis & Pélée ne se trouvent-ils pas cités et glosés sous la Régence dans des réflexions sur le style et sur l’ingéniosité ?
Simultanément, la part qu’a prise Fontenelle aux développements du théâtre lyrique de son temps s’inscrit, à maints égards, dans le contexte de la Querelle des Anciens et des Modernes. On sait que le genre de la tragédie en musique a été fortement en jeu dans les prodromes polémiques de la Querelle (dès 1674) comme dans ses suites sous la Régence. Se pencher sur Fontenelle et l’opéra, c’est donc ambitionner de mieux connaître des œuvres du théâtre lyrique parfois très négligées – en y incluant les réfections de ces livrets après 1750, en France comme en Italie ou en Suède –, mais c’est aussi se donner les chances d’examiner en quoi le cas singulier de Fontenelle nous éclaire sur un tournant, entre deux siècles, de l’histoire des idées comme de l’histoire des formes de l’art. C’est pourquoi le projet de ce colloque est aussi de décloisonner les approches d’un tel sujet en réunissant historiens de la littérature, musicologues et spécialistes du théâtre.
Les propositions sont à envoyer pour l’automne 2015.
Contacts : claudine.poulouin@univ-rouen.fr, grosperr@univ-tlse2.fr, judith.leblanc@univ-rouen.fr
Or Fontenelle fut aussi poète, et même poète d’opéra, auteur des livrets de plusieurs tragédies en musique marquantes après la mort de Lully : Thétis & Pélée (1689), Énée & Lavinie (1690). Plus tôt encore, il collabora dès les années 1670 avec Thomas Corneille pour remplacer provisoirement Quinault auprès de Lully : en témoignent Psyché (1678) et Bellérophon (1679). Non moins remarquable : Fontenelle a contribué à la vogue moderne de la « pastorale héroïque » avec un Endymion, mis au moins deux fois en musique (1713 et 1720), et précédé dans le même genre d’une Œnone inachevée.
Cet aspect parfois méconnu de l’œuvre de Fontenelle reste encore à scruter, nonobstant l’attention particulière que lui ont prêtée les travaux de Catherine Kintzler, Camille Guyon-Lecoq ou Laura Naudeix. L’intérêt de Fontenelle pour l’opéra intéresse le tout ensemble d’une production où s’assemblent examen philosophique, textes scientifiques, pratique et théorie de la poésie pastorale, critique littéraire. En cela, il n’est pas exclu que le rapport de Fontenelle à l’opéra occupe une place capitale dans ses écrits et dans sa pensée, comme dans sa réception : plusieurs vers de Thétis & Pélée ne se trouvent-ils pas cités et glosés sous la Régence dans des réflexions sur le style et sur l’ingéniosité ?
Simultanément, la part qu’a prise Fontenelle aux développements du théâtre lyrique de son temps s’inscrit, à maints égards, dans le contexte de la Querelle des Anciens et des Modernes. On sait que le genre de la tragédie en musique a été fortement en jeu dans les prodromes polémiques de la Querelle (dès 1674) comme dans ses suites sous la Régence. Se pencher sur Fontenelle et l’opéra, c’est donc ambitionner de mieux connaître des œuvres du théâtre lyrique parfois très négligées – en y incluant les réfections de ces livrets après 1750, en France comme en Italie ou en Suède –, mais c’est aussi se donner les chances d’examiner en quoi le cas singulier de Fontenelle nous éclaire sur un tournant, entre deux siècles, de l’histoire des idées comme de l’histoire des formes de l’art. C’est pourquoi le projet de ce colloque est aussi de décloisonner les approches d’un tel sujet en réunissant historiens de la littérature, musicologues et spécialistes du théâtre.
Les propositions sont à envoyer pour l’automne 2015.
Contacts : claudine.poulouin@univ-rouen.fr, grosperr@univ-tlse2.fr, judith.leblanc@univ-rouen.fr