Comité scientifique :
Pr. Christian Biet (IUF, Université Paris Ouest-Nanterre), Didier Doumergue (Université de Lorraine), Joël Huthwohl (BnF), Martine Kahane (CNCS), Delphie Pinasa (CNCS), Agathe Sanjuan (Comédie-française), Anne Verdier (Université de Lorraine).
Argumentaire:
Le costume constitue un avatar du vêtement, et n’existe que par rapport à lui, c’est donc dans l’anthropologie du vêtement que l’on peut trouver les fondements de « l’objet-costume ».
Même si sa finalité est différente, le costume utilise les fonctions du vêtement dans les situations particulières que sont la fête ou le spectacle. Le vêtement informe d’un point de vue social et/ou géographique et, si ses fonctions sont aussi bien naturelles que culturelles, c’est l’aspect culturel qui l’emporte, car tout en protégeant le corps de la chaleur ou du froid, l’habit informe essentiellement sur le statut et la coutume de ceux qui le portent, depuis les techniques de parure jusqu’au rapport symbolique au monde[1].
Comme le fait remarquer l’historien de l’art Aby Warburg, développant un thème exposé par Carlyle dans Sartor resartus[2], le vêtement constitue un prolongement inanimé du corps vivant, à la manière d’un outil. Selon Warburg, cet arrimage de l’inanimé sur du vivant prend une dimension tragique, l’inanimé préfigurant le destin inéluctablement mortel du vivant. Cette imbrication animé/inanimé agit sur le spectateur, étonne son regard. Le vêtement est donc déjà « acteur » dans la mesure où il produit à la fois des significations – et en ce sens, on peut dire qu’il possède les caractéristiques du signe- et des émotions, par sa forme, sa couleur, sa matière, son rapport à la lumière, etc. tel un parfait dispositif rhétorique.
En tant qu’inanimé, le vêtement appartient également à l’espace dont il constitue l’un des éléments et l’on voit bien quel parti le théâtre peut tirer de cette propriété.
Le vêtement est également en mesure d’indiquer la rupture avec le quotidien et il contribue fortement à marquer cet écart et ce changement de statut. C’est alors qu’il devient « costume », en indiquant son lien avec la situation extra-ordinaire. Il concrétise alors cet écart par le soin, la magnificence et l’excès avec lequel il se pare, dans le costume de fête et de spectacle par exemple, ou témoigne d’une forte invention poétique, fantastique ou monstrueuse, comme dans le costume de Carnaval, puis ceux qui en dérivent.
Parce qu’il est toujours l’expression d’une situation extra-quotidienne, en rupture avec « le même », le costume est donc par excellence le vêtement de l’altérité et c’est cette propriété particulière qui le rend apte à rentrer dans l’espace de la représentation.
L’efficacité émotionnelle et informative du costume, inscrite dans une forme inanimée unifiée dans la représentation, fait accéder le corps au statut d’image. Cette iconicité n’est pas la moindre de ses propriétés car elle rend manifeste l’appartenance du costume à la fabrication des images et en fait la passerelle reliant le théâtre à l’iconographie. Il est donc surprenant que le théâtre, puis le costume, aient été si longtemps considérés comme des arts mineurs ou subalternes, au point qu’en France le costume n’accède que depuis peu à la dignité d’objet d’étude.
On se proposera donc d’étudier comment la recherche s’est emparée de cet objet, en France comme à l’Etranger, ces vingt dernières années. La réflexion pourra se développer autour de quatre axes qui constituent le parcours du costume :
Le costume de ville ;
Le costume de spectacle ;
La façon dont le costume joue ;
Ce qui se passe quand il cesse de jouer : son arrivée dans un musée.
On attachera une importance particulière à montrer comment la pensée et la recherche s’intéressent particulièrement à ce qui se passe entre ces quatre étapes.
On pourra par exemple observer :
A. la constitution d’un corpus de référence : de la création à la muséification
B. le lien entre mode de ville et costume de scène
C. l’anthropologie et la question de la théâtralisation du vêtement : le passage du vêtement au costume de scène par la parure extra-quotidienne
D. l’état de la recherche historique : l’histoire des moeurs, histoire culturelle, histoire de l’art
E. la recherche esthétique : le costume de scène comme “image”. La philosophie du costume
F. la recherche en sociologie : l”artification” ou le passage du vêtement au costume.
Les propositions de communications devront être adressées avant le 15 septembre 2012 à Anne Verdier (anne.verdier@numericable.fr)
et à Martine Kahane (martine.kahane@wanadoo.fr)
Une réponse sera donnée pour le 15 octobre.
Avant programme
Le colloque se déroulera sur 5 demi-journées
I. Outils et sources
II. Costume et anthropologie, ethnologie
III. Costume, anthropologie et histoire
IV. La pratique du costume de scène : table ronde costumiers, metteurs en scène, comédiens
V. Costume et scène politique (en lien avec l’exposition « les vêtements du pouvoir » qui se tiendra alors au CNCS)
[1] Cf. sur ce sujet Pierre Schneider, Le Commencement et la fin., Paris, Flammarion, 1994.
[2] Thomas Carlyle, Sartor Resartus, 1831, première édition Londres, pour la traduction française : Paris, Aubier, 1990 .
Anne Verdier, maître de conférences, Université de Lorraine
Pr. Christian Biet (IUF, Université Paris Ouest-Nanterre), Didier Doumergue (Université de Lorraine), Joël Huthwohl (BnF), Martine Kahane (CNCS), Delphie Pinasa (CNCS), Agathe Sanjuan (Comédie-française), Anne Verdier (Université de Lorraine).
Argumentaire:
Le costume constitue un avatar du vêtement, et n’existe que par rapport à lui, c’est donc dans l’anthropologie du vêtement que l’on peut trouver les fondements de « l’objet-costume ».
Même si sa finalité est différente, le costume utilise les fonctions du vêtement dans les situations particulières que sont la fête ou le spectacle. Le vêtement informe d’un point de vue social et/ou géographique et, si ses fonctions sont aussi bien naturelles que culturelles, c’est l’aspect culturel qui l’emporte, car tout en protégeant le corps de la chaleur ou du froid, l’habit informe essentiellement sur le statut et la coutume de ceux qui le portent, depuis les techniques de parure jusqu’au rapport symbolique au monde[1].
Comme le fait remarquer l’historien de l’art Aby Warburg, développant un thème exposé par Carlyle dans Sartor resartus[2], le vêtement constitue un prolongement inanimé du corps vivant, à la manière d’un outil. Selon Warburg, cet arrimage de l’inanimé sur du vivant prend une dimension tragique, l’inanimé préfigurant le destin inéluctablement mortel du vivant. Cette imbrication animé/inanimé agit sur le spectateur, étonne son regard. Le vêtement est donc déjà « acteur » dans la mesure où il produit à la fois des significations – et en ce sens, on peut dire qu’il possède les caractéristiques du signe- et des émotions, par sa forme, sa couleur, sa matière, son rapport à la lumière, etc. tel un parfait dispositif rhétorique.
En tant qu’inanimé, le vêtement appartient également à l’espace dont il constitue l’un des éléments et l’on voit bien quel parti le théâtre peut tirer de cette propriété.
Le vêtement est également en mesure d’indiquer la rupture avec le quotidien et il contribue fortement à marquer cet écart et ce changement de statut. C’est alors qu’il devient « costume », en indiquant son lien avec la situation extra-ordinaire. Il concrétise alors cet écart par le soin, la magnificence et l’excès avec lequel il se pare, dans le costume de fête et de spectacle par exemple, ou témoigne d’une forte invention poétique, fantastique ou monstrueuse, comme dans le costume de Carnaval, puis ceux qui en dérivent.
Parce qu’il est toujours l’expression d’une situation extra-quotidienne, en rupture avec « le même », le costume est donc par excellence le vêtement de l’altérité et c’est cette propriété particulière qui le rend apte à rentrer dans l’espace de la représentation.
L’efficacité émotionnelle et informative du costume, inscrite dans une forme inanimée unifiée dans la représentation, fait accéder le corps au statut d’image. Cette iconicité n’est pas la moindre de ses propriétés car elle rend manifeste l’appartenance du costume à la fabrication des images et en fait la passerelle reliant le théâtre à l’iconographie. Il est donc surprenant que le théâtre, puis le costume, aient été si longtemps considérés comme des arts mineurs ou subalternes, au point qu’en France le costume n’accède que depuis peu à la dignité d’objet d’étude.
On se proposera donc d’étudier comment la recherche s’est emparée de cet objet, en France comme à l’Etranger, ces vingt dernières années. La réflexion pourra se développer autour de quatre axes qui constituent le parcours du costume :
Le costume de ville ;
Le costume de spectacle ;
La façon dont le costume joue ;
Ce qui se passe quand il cesse de jouer : son arrivée dans un musée.
On attachera une importance particulière à montrer comment la pensée et la recherche s’intéressent particulièrement à ce qui se passe entre ces quatre étapes.
On pourra par exemple observer :
A. la constitution d’un corpus de référence : de la création à la muséification
B. le lien entre mode de ville et costume de scène
C. l’anthropologie et la question de la théâtralisation du vêtement : le passage du vêtement au costume de scène par la parure extra-quotidienne
D. l’état de la recherche historique : l’histoire des moeurs, histoire culturelle, histoire de l’art
E. la recherche esthétique : le costume de scène comme “image”. La philosophie du costume
F. la recherche en sociologie : l”artification” ou le passage du vêtement au costume.
Les propositions de communications devront être adressées avant le 15 septembre 2012 à Anne Verdier (anne.verdier@numericable.fr)
et à Martine Kahane (martine.kahane@wanadoo.fr)
Une réponse sera donnée pour le 15 octobre.
Avant programme
Le colloque se déroulera sur 5 demi-journées
I. Outils et sources
II. Costume et anthropologie, ethnologie
III. Costume, anthropologie et histoire
IV. La pratique du costume de scène : table ronde costumiers, metteurs en scène, comédiens
V. Costume et scène politique (en lien avec l’exposition « les vêtements du pouvoir » qui se tiendra alors au CNCS)
[1] Cf. sur ce sujet Pierre Schneider, Le Commencement et la fin., Paris, Flammarion, 1994.
[2] Thomas Carlyle, Sartor Resartus, 1831, première édition Londres, pour la traduction française : Paris, Aubier, 1990 .
Anne Verdier, maître de conférences, Université de Lorraine