Marie Lloyd (wikicommons)
Si le XIXe siècle a récemment été défini comme la « civilisation du journal », on pourrait tout aussi bien y voir une « civilisation des spectacles » tant, des théâtres officiels aux baraques foraines, dans la variété des lieux théâtraux qui se multiplient et se diversifient au cours du siècle, les spectacles y imprègnent la vie quotidienne d’un public de plus en plus large. Le Congrès organisé par la SERD au premier trimestre 2014 a pour projet, non de décrire en détail cette immense entreprise de spectacle qui, jour après jour, rythme la vie culturelle et sociale, mais de s’interroger plus précisément sur les rapports entre les spectacles et l’espace, compris dans sa dimension extra-théâtrale et référentielle. Comment le monde est‑il mis en spectacle au XIXe siècle ? En quoi un spectacle est-il lié à un espace précis ? Que dit-il des espaces qu’il met en scène ? En d’autres termes, il s’agit d’une part – dans le cadre d’un XIXe siècle qui s’ouvre au monde par le progrès des techniques et des idées – d’envisager la question des espaces représentés (lieux géographiques, espaces naturels, territoires nationaux…), l’intérêt, les visées, les moyens techniques et artistiques de ces représentations ; et d’autre part, il s’agit de comprendre dans quels espaces (local, national, européen, mondial), le spectacle et ses pratiques multiples s’inscrivent, et quelles en sont les possibilités et les modalités de circulation. De manière plus générale, les formes multiples du spectacle, la variété des pratiques artistiques, des conventions, des esthétiques de la scène, des modèles de représentations et des codes, dominants ou minoritaires, travaillent à des degrés divers à l’élaboration de constructions symboliques et identitaires fortes (locales, nationales), qui constituent des enjeux particulièrement importants au XIXe siècle. Bien des salles, par exemple, sont désignées comme « nationales » (ce qui signifie alors, le plus souvent, qu’elles ont un caractère officiel), tandis que certains genres sont perçus comme typiquement nationaux, et l’on sait par exemple combien l’opéra a compté dans l’édification de l’unité italienne. En cherchant à définir les « mondes du spectacle », le congrès entend donc avant tout comprendre de quelles façons les spectacles ont contribué à construire une vision du monde et à définir l’identité (géographique, politique et culturelle) de ceux qui y participaient au XIXe siècle, des deux côtés de la rampe.
Souhaitant favoriser une approche pluridisciplinaire, le Congrès s’adresse à l’ensemble des chercheurs qui s’intéressent aux spectacles au XIXe siècle : littéraires, historiens, spécialistes des arts du spectacle, historiens de l’art, musicologues, etc.
Les questions qui peuvent être abordées au cours du Congrès sont nombreuses et peuvent être articulées autour de quatre points essentiels.
I. Spectacles du monde
· Comment le monde est-il mis en spectacle au XIXe siècle (panoramas, dioramas, féeries, pièces à grand spectacle…) ?
· Quelles représentations les différents types de spectacles donnent-ils de tels ou tels espaces (les différents pays, mais également des espaces plus génériques : la montagne, la mer, etc., ou les mondes anciens) ?
· Quels stéréotypes les répertoires véhiculent-ils sur tel ou tel pays ? Comment l’exotisme est-il suggéré (en particulier décors et costumes) ? Quel rôle joue la parodie ?
· Quelles minorités sont représentées sur la scène, et comment ?
II. Spectacles, pouvoir et nation
A. Spectacle et affirmation identitaire
· Les États utilisent-ils les spectacles pour affirmer leur suprématie, et comment ?
· Étude comparée du pouvoir politique et de ses représentants mis en scène au spectacle.
· Les spectacles sont-ils au service de l’affirmation des jeunes nations (par exemple en Amérique latine) ?
· Les spectacles de la « petite patrie » : genres régionaux, spectacles en langues « non dominantes », pratiques théâtrales liées au folklore, etc.
B. La constitution de répertoires nationaux
· Existe-t-il des genres « nationaux » ?
· Quelles sont les déclinaisons nationales d’un type (Polichinelle, Jocrisse, etc.) ?
C. Confrontations, exportations, influences
· Comment la signification politique d’une œuvre peut-elle varier d’un pays à un autre (par exemple dans les drames historiques) ? Y a-t-il des différences de traitement, pour une même œuvre, par les bureaux de censure de différents pays ?
· Y a-t-il des répertoires servant de repoussoir ?
· Quels spectacles (représentations et expositions) sont mis en valeur dans les Expositions universelles ?
· L’opérette est-elle une invention française ou viennoise ? Comment le music-hall est-il exporté par l’Angleterre ? La revue, genre international ? La zarzuela s’exporte-t-elle ?
III. Circulations et transferts culturels
A. Circulation des œuvres et des artistes
· Comment circulent les œuvres et les artistes ? La tournée est une modalité essentielle de notre réflexion et elle peut être déclinée de multiples façons, par exemple sous l’angle économique, en s’intéressant aux agences théâtrales, ou encore à l’opposition ville / campagne.
· Quelles sont les entreprises de spectacles en langue étrangère qui existent au XIXe siècle ? Font-elles l’objet de critiques nationalistes ? Quelle est leur chronologie ?
· Quels sont les parcours des artistes qui vont se former dans un pays autre que le leur ?
· Comment s’organise la circulation des documents professionnels (livrets de mise en scène, manuscrits, etc.) ?
· Quelles sont les modalités et les délais des traductions et créations d’œuvres dans un pays étranger ?
B. Internationalisation des formes et genres « mineurs »
· La danse ignore-t-elle les frontières ? Les carrières internationales des maîtres de ballet.
· La circulation internationale des spectacles de magie et de cirque.
· La circulation des œuvres de café-concert.
· Les évolutions du cirque en Europe et aux États-Unis.
· La vogue et la diffusion du théâtre d’ombres.
· La naissance du spectacle sportif (courses de chevaux, corridas, football etc.).
C. Spectacles et circulation du savoir
· Le théâtre dans les congrès littéraires internationaux.
· Les voyages d’études liés aux spectacles.
· Les correspondants dans les journaux et les périodiques.
IV. Spectacles et usages nationaux
· En quoi la salle de théâtre est-elle le lieu d’affirmation d’une culture particulière (locale, nationale ou universelle) ? L’architecture théâtrale d’un pays s’exporte-t-elle ?
· Comment les voyageurs notent-ils les variations des usages liés aux représentations, par exemple la claque ?
· Quels costumes porte-t-on au spectacle ?
· Quelle place pour la nourriture dans les salles de spectacle selon les pays ? Quelles odeurs dans les salles ?
· Quelles différences techniques d’une nation à l’autre (techniques de jeu ; passage au noir dans la salle ; affiches de spectacle ; lutte contre l’incendie etc. dans les différents pays) ?
Toute proposition de communication doit impérativement intégrer la dimension spatiale, telle qu’envisagée ci-dessus. Un court argumentaire (2000 à 3000 signes maximum) ainsi qu’un court CV (une page maximum) doivent être fournis avant le 1er juillet 2013 à l’adresse suivante : jeanclaudeyon@wanadoo.fr. Les communications qui ne seront pas faites en français devront être accompagnées d’un résumé de 9000 signes en français. Les actes du colloque seront publiés en ligne sur le site de la SERD.
Les auteurs des propositions retenues seront informés à l’automne 2013, après examen par le Comité scientifique des propositions reçues.
Comité scientifique : Olivier Bara, Florence Fix, Violaine Heyraud, Hervé Lacombe, Sophie Lucet, Agathe Novak-Lechevalier, Cécile Reynaud, Jean-Claude Yon.
Responsables et organisateurs du Congrès : Sophie Lucet, Agathe Novak-Lechevalier, Jean-Claude Yon
Souhaitant favoriser une approche pluridisciplinaire, le Congrès s’adresse à l’ensemble des chercheurs qui s’intéressent aux spectacles au XIXe siècle : littéraires, historiens, spécialistes des arts du spectacle, historiens de l’art, musicologues, etc.
Les questions qui peuvent être abordées au cours du Congrès sont nombreuses et peuvent être articulées autour de quatre points essentiels.
I. Spectacles du monde
· Comment le monde est-il mis en spectacle au XIXe siècle (panoramas, dioramas, féeries, pièces à grand spectacle…) ?
· Quelles représentations les différents types de spectacles donnent-ils de tels ou tels espaces (les différents pays, mais également des espaces plus génériques : la montagne, la mer, etc., ou les mondes anciens) ?
· Quels stéréotypes les répertoires véhiculent-ils sur tel ou tel pays ? Comment l’exotisme est-il suggéré (en particulier décors et costumes) ? Quel rôle joue la parodie ?
· Quelles minorités sont représentées sur la scène, et comment ?
II. Spectacles, pouvoir et nation
A. Spectacle et affirmation identitaire
· Les États utilisent-ils les spectacles pour affirmer leur suprématie, et comment ?
· Étude comparée du pouvoir politique et de ses représentants mis en scène au spectacle.
· Les spectacles sont-ils au service de l’affirmation des jeunes nations (par exemple en Amérique latine) ?
· Les spectacles de la « petite patrie » : genres régionaux, spectacles en langues « non dominantes », pratiques théâtrales liées au folklore, etc.
B. La constitution de répertoires nationaux
· Existe-t-il des genres « nationaux » ?
· Quelles sont les déclinaisons nationales d’un type (Polichinelle, Jocrisse, etc.) ?
C. Confrontations, exportations, influences
· Comment la signification politique d’une œuvre peut-elle varier d’un pays à un autre (par exemple dans les drames historiques) ? Y a-t-il des différences de traitement, pour une même œuvre, par les bureaux de censure de différents pays ?
· Y a-t-il des répertoires servant de repoussoir ?
· Quels spectacles (représentations et expositions) sont mis en valeur dans les Expositions universelles ?
· L’opérette est-elle une invention française ou viennoise ? Comment le music-hall est-il exporté par l’Angleterre ? La revue, genre international ? La zarzuela s’exporte-t-elle ?
III. Circulations et transferts culturels
A. Circulation des œuvres et des artistes
· Comment circulent les œuvres et les artistes ? La tournée est une modalité essentielle de notre réflexion et elle peut être déclinée de multiples façons, par exemple sous l’angle économique, en s’intéressant aux agences théâtrales, ou encore à l’opposition ville / campagne.
· Quelles sont les entreprises de spectacles en langue étrangère qui existent au XIXe siècle ? Font-elles l’objet de critiques nationalistes ? Quelle est leur chronologie ?
· Quels sont les parcours des artistes qui vont se former dans un pays autre que le leur ?
· Comment s’organise la circulation des documents professionnels (livrets de mise en scène, manuscrits, etc.) ?
· Quelles sont les modalités et les délais des traductions et créations d’œuvres dans un pays étranger ?
B. Internationalisation des formes et genres « mineurs »
· La danse ignore-t-elle les frontières ? Les carrières internationales des maîtres de ballet.
· La circulation internationale des spectacles de magie et de cirque.
· La circulation des œuvres de café-concert.
· Les évolutions du cirque en Europe et aux États-Unis.
· La vogue et la diffusion du théâtre d’ombres.
· La naissance du spectacle sportif (courses de chevaux, corridas, football etc.).
C. Spectacles et circulation du savoir
· Le théâtre dans les congrès littéraires internationaux.
· Les voyages d’études liés aux spectacles.
· Les correspondants dans les journaux et les périodiques.
IV. Spectacles et usages nationaux
· En quoi la salle de théâtre est-elle le lieu d’affirmation d’une culture particulière (locale, nationale ou universelle) ? L’architecture théâtrale d’un pays s’exporte-t-elle ?
· Comment les voyageurs notent-ils les variations des usages liés aux représentations, par exemple la claque ?
· Quels costumes porte-t-on au spectacle ?
· Quelle place pour la nourriture dans les salles de spectacle selon les pays ? Quelles odeurs dans les salles ?
· Quelles différences techniques d’une nation à l’autre (techniques de jeu ; passage au noir dans la salle ; affiches de spectacle ; lutte contre l’incendie etc. dans les différents pays) ?
Toute proposition de communication doit impérativement intégrer la dimension spatiale, telle qu’envisagée ci-dessus. Un court argumentaire (2000 à 3000 signes maximum) ainsi qu’un court CV (une page maximum) doivent être fournis avant le 1er juillet 2013 à l’adresse suivante : jeanclaudeyon@wanadoo.fr. Les communications qui ne seront pas faites en français devront être accompagnées d’un résumé de 9000 signes en français. Les actes du colloque seront publiés en ligne sur le site de la SERD.
Les auteurs des propositions retenues seront informés à l’automne 2013, après examen par le Comité scientifique des propositions reçues.
Comité scientifique : Olivier Bara, Florence Fix, Violaine Heyraud, Hervé Lacombe, Sophie Lucet, Agathe Novak-Lechevalier, Cécile Reynaud, Jean-Claude Yon.
Responsables et organisateurs du Congrès : Sophie Lucet, Agathe Novak-Lechevalier, Jean-Claude Yon