(c) Francalejandra
Depuis ses débuts, le surréalisme se manifeste essentiellement au moyen de deux grands modes d’expression : la littérature et les arts visuels, et touche à divers genres de l’un et l’autre mode. C’est du moins ce que laisse entendre la critique abondante qui lui est consacrée. Les travaux qui se penchent sur d’autres modes artistiques sont nettement moins nombreux, jusqu’aujourd’hui encore. Il y aurait donc lieu de se demander si cette réalité bibliographique reflète adéquatement la destinée du surréalisme. Dans quelle mesure le courant culturel le plus novateur du XXe siècle a-t-il fécondé des champs de l’activité créatrice que son exégèse a eu tendance à négliger ? C’est là ce que devrait explorer le dossier envisagé, en particulier dans le domaine des arts du spectacle.
Celui-ci a accusé des réformes marquantes au cours du siècle dernier, qui ont donné lieu à maintes pratiques nouvelles et qui ne cessent de porter leurs fruits. Qu’ont à voir ces pratiques avec le surréalisme ? Constitueraient-elles une voie où celui-ci se régénère, renaît sous des formes inédites – qu’André Breton lui-même ne pouvait guère imaginer ? La nature de leurs relations avec le surréalisme demande certainement à être précisée. Mais alors, quels paramètres seraient déterminants : leur expressivité, leur liberté formelle, leurs caractères merveilleux, onirique, insolite, audacieux, spontané, poétique ? Ou des facteurs relevant davantage du contenu, tel un hypertexte qui se rattache clairement au fonds surréaliste ? Les processus poïétiques, comme la création collective ou l’improvisation, seraient-ils également en cause ? À ce compte, certains pourraient-il être considérés comme une transposition scénique de l’automatisme ? Et que dire de l’attitude du spectateur ?
En somme, il s’agit d’examiner en quoi, depuis un demi-siècle surtout et à l’échelle internationale, certains aspects du spectacle peuvent être qualifiés de surréalistes. Quelles lignes de force se dégageraient d’une telle catégorie ? Certes, la critique s’est penchée sur le théâtre d’auteurs à proprement parler surréalistes, parfois même sur celui de leurs précurseurs ou de leurs héritiers. Ainsi, on a calculé les éléments ou les traces surréalistes chez Jarry, Roussel, Apollinaire, Tzara, Aragon, Garcia Lorca, Artaud, Salacrou, Tardieu, Beckett, Vitrac, Arrabal, voire chez Cocteau. Il manque cependant un ensemble d’études qui porterait sur le théâtre non seulement comme genre littéraire, mais aussi comme art scénique, et qui ouvrirait son corpus à tous les arts du spectacle, d’autant plus qu’avec la participation intermédiale en vogue depuis quelques décennies, le théâtre élargit nécessairement ses frontières et sa définition s’en voit distendue. Le titre fédérateur Le Surréalisme et les arts du spectacle appelle à cet égard des contributions tout à fait neuves et fait potentiellement se rencontrer la critique universitaire et les praticiens de la scène, deux professions trop souvent cloisonnées. Il incite à explorer de multiples pistes, notamment les rapports entre le surréalisme et :
- des textes dramatiques encore peu connus, demeurés dans l’ombre, sur lesquels un travail de défrichage serait opportun ;
- une période précise dans l’histoire des arts du spectacle ;
- des registres particuliers portés à la scène : le merveilleux, le fantastique…
- des genres du spectacle : l’opéra, la danse, le théâtre populaire, le cirque, le théâtre de rue, etc. ;
- des parties constituantes du spectacle : la dramaturgie, la scénographie, la chorégraphie, etc. ;
- des genres hybrides relativement récents comme la danse-théâtre, le théâtre corporel, le théâtre performatif, la performance médiatique ;
- les interférences entre différents modes artistiques, qui forment une pratique culturelle en plein essor, a fortiori sur la scène de spectacle. En quoi leur fonctionnement est-il redevable au surréalisme?
- les pratiques scéniques de l’extrême contemporain, ainsi que la recherche-création ;
- la rencontre entre présentation muséale et théâtralité ;
- le spectacle au sens élargi : la mode, les vitrines, la publicité, la culture populaire.
Et qu’en est-il de la fortune scénique des œuvres surréalistes ou pré-surréalistes, par exemple celles des auteurs énumérés plus haut ? Atteste-t-elle de leur actualité ? Et comment opère l’adaptation au théâtre ou à l’opéra de textes (pré-)surréalistes non dramatiques ? Une étude de cas, l’analyse d’un texte ou d’un spectacle spécifique, serait tout aussi bienvenue.
Les propositions de contribution doivent être envoyées d’ici le 1er juin, conjointement à
Sophie Bastien : sophie.bastien@rmc.ca
Henri Béhar : hbehar@univ-paris3.fr.
Elles devront comporter un résumé de 300 mots (maximum) et une note biographique de 150 mots (maximum).
La réponse d’acceptation ou de refus par le comité scientifique suivra en juillet.
Les articles complets, présentés selon les normes de Mélusine que nous vous aurons indiquées, devront être livrés par voie électronique le 1er avril 2013. La parution du dossier dans Mélusine XXXIV est prévue pour l’hiver 2014.
Sophie Bastien et Henri Béhar
Source: Dramatica
Celui-ci a accusé des réformes marquantes au cours du siècle dernier, qui ont donné lieu à maintes pratiques nouvelles et qui ne cessent de porter leurs fruits. Qu’ont à voir ces pratiques avec le surréalisme ? Constitueraient-elles une voie où celui-ci se régénère, renaît sous des formes inédites – qu’André Breton lui-même ne pouvait guère imaginer ? La nature de leurs relations avec le surréalisme demande certainement à être précisée. Mais alors, quels paramètres seraient déterminants : leur expressivité, leur liberté formelle, leurs caractères merveilleux, onirique, insolite, audacieux, spontané, poétique ? Ou des facteurs relevant davantage du contenu, tel un hypertexte qui se rattache clairement au fonds surréaliste ? Les processus poïétiques, comme la création collective ou l’improvisation, seraient-ils également en cause ? À ce compte, certains pourraient-il être considérés comme une transposition scénique de l’automatisme ? Et que dire de l’attitude du spectateur ?
En somme, il s’agit d’examiner en quoi, depuis un demi-siècle surtout et à l’échelle internationale, certains aspects du spectacle peuvent être qualifiés de surréalistes. Quelles lignes de force se dégageraient d’une telle catégorie ? Certes, la critique s’est penchée sur le théâtre d’auteurs à proprement parler surréalistes, parfois même sur celui de leurs précurseurs ou de leurs héritiers. Ainsi, on a calculé les éléments ou les traces surréalistes chez Jarry, Roussel, Apollinaire, Tzara, Aragon, Garcia Lorca, Artaud, Salacrou, Tardieu, Beckett, Vitrac, Arrabal, voire chez Cocteau. Il manque cependant un ensemble d’études qui porterait sur le théâtre non seulement comme genre littéraire, mais aussi comme art scénique, et qui ouvrirait son corpus à tous les arts du spectacle, d’autant plus qu’avec la participation intermédiale en vogue depuis quelques décennies, le théâtre élargit nécessairement ses frontières et sa définition s’en voit distendue. Le titre fédérateur Le Surréalisme et les arts du spectacle appelle à cet égard des contributions tout à fait neuves et fait potentiellement se rencontrer la critique universitaire et les praticiens de la scène, deux professions trop souvent cloisonnées. Il incite à explorer de multiples pistes, notamment les rapports entre le surréalisme et :
- des textes dramatiques encore peu connus, demeurés dans l’ombre, sur lesquels un travail de défrichage serait opportun ;
- une période précise dans l’histoire des arts du spectacle ;
- des registres particuliers portés à la scène : le merveilleux, le fantastique…
- des genres du spectacle : l’opéra, la danse, le théâtre populaire, le cirque, le théâtre de rue, etc. ;
- des parties constituantes du spectacle : la dramaturgie, la scénographie, la chorégraphie, etc. ;
- des genres hybrides relativement récents comme la danse-théâtre, le théâtre corporel, le théâtre performatif, la performance médiatique ;
- les interférences entre différents modes artistiques, qui forment une pratique culturelle en plein essor, a fortiori sur la scène de spectacle. En quoi leur fonctionnement est-il redevable au surréalisme?
- les pratiques scéniques de l’extrême contemporain, ainsi que la recherche-création ;
- la rencontre entre présentation muséale et théâtralité ;
- le spectacle au sens élargi : la mode, les vitrines, la publicité, la culture populaire.
Et qu’en est-il de la fortune scénique des œuvres surréalistes ou pré-surréalistes, par exemple celles des auteurs énumérés plus haut ? Atteste-t-elle de leur actualité ? Et comment opère l’adaptation au théâtre ou à l’opéra de textes (pré-)surréalistes non dramatiques ? Une étude de cas, l’analyse d’un texte ou d’un spectacle spécifique, serait tout aussi bienvenue.
Les propositions de contribution doivent être envoyées d’ici le 1er juin, conjointement à
Sophie Bastien : sophie.bastien@rmc.ca
Henri Béhar : hbehar@univ-paris3.fr.
Elles devront comporter un résumé de 300 mots (maximum) et une note biographique de 150 mots (maximum).
La réponse d’acceptation ou de refus par le comité scientifique suivra en juillet.
Les articles complets, présentés selon les normes de Mélusine que nous vous aurons indiquées, devront être livrés par voie électronique le 1er avril 2013. La parution du dossier dans Mélusine XXXIV est prévue pour l’hiver 2014.
Sophie Bastien et Henri Béhar
Source: Dramatica