Des dizaines de bougies (cent quatre-vingt) allumées en guise de prologue, une apostrophe galamment tournée pour inciter les spectateurs à éteindre leurs modernes boîtes à paroles et le spectacle commence : la compagnie tourangelle La Fabrique à théâtre est installée à la Cartoucherie de Vincennes (au Théâtre de l’Epée de bois) jusqu’au 18 décembre prochain dans le cadre de la deuxième saison du festival « Eclats baroques ».
Après Andromaque et Le Médecin malgré lui, les représentations sont cette fois centrées sur leur nouvelle production : Les Femmes savantes de Molière. Mais La Fabrique à théâtre propose également plusieurs autres spectacles, plus brefs et pour effectif réduit, autour des contes de Perrault, des vers de La Fontaine, ou des récits chimériques des personnages de grands affabulateurs du Grand Siècle. Toujours accompagnés d’instruments d’époque, que ce soit le clavecin d’Olivier Beaumont (pour des compositions de Dandrieu, Couperin, Corrette, etc.) ou le théorbe de Manuel de Grange, le luth ou encore la viole de gambe.
De 1672 à 2010, rien ne semble avoir changé : la troupe de Jean-Denis Monory, fondée en 1992, recrée l’atmosphère des représentations d’antan, en costume, en musique et en diction. Et ça marche : passé la première surprise, la compréhension du texte ancien, accentué et prononcé en fonction de la reconstitution des intonations classiques, est parfaite. Même les mots vieillis ou les notions oubliées redeviennent évidents, illustrés par le jeu tout en nuance de comédiens qui s’en donnent à cœur joie pour revivifier ce monument du théâtre français. Le chaos de la maison familiale partagée entre le clan des trissotinées (la mère et la tante) et celui des raisonnables (la servante mal embouchée, l’oncle, la sœur cadette) est en effet magnifié avec bonheur par des interprètes qui se livrent tous les soirs à une bataille réglée chorégraphiquement. Le père est tout particulièrement remarquable, incarné par le toujours formidable Bastien Ossart dont on s’émerveille des attitudes bondissantes et simiesques, entre lâcheté et sursauts d’orgueil, arbitre par défaut et à son corps défendant de cette crise de pédantisme exacerbée.
C’est drôle, vraiment comique, comme on n’a plus l’habitude de goûter Molière. Plein d’énergie communicative. Mais aussi poétique comme seule la recréation baroque le permet, au point que «magique » est le qualificatif qui vient spontanément à l’esprit.
Le spectacle peut donc convenir et plaire à tous : enfants comme adultes, amoureux du théâtre classique comme curieux de cette paradoxale forme de création contemporaine.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Ce cycle baroque est en outre éclairé par une série de conversations avec des chercheuses en sciences humaines sur des thèmes en rapport avec le féminisme, « pour entrer en résistance avec les stéréotypes ». Histoire, une fois encore, de faire dialoguer les modernités.
Réservations : 01 48 08 39 74
Informations : www.frabriqueatheatre.com
Après Andromaque et Le Médecin malgré lui, les représentations sont cette fois centrées sur leur nouvelle production : Les Femmes savantes de Molière. Mais La Fabrique à théâtre propose également plusieurs autres spectacles, plus brefs et pour effectif réduit, autour des contes de Perrault, des vers de La Fontaine, ou des récits chimériques des personnages de grands affabulateurs du Grand Siècle. Toujours accompagnés d’instruments d’époque, que ce soit le clavecin d’Olivier Beaumont (pour des compositions de Dandrieu, Couperin, Corrette, etc.) ou le théorbe de Manuel de Grange, le luth ou encore la viole de gambe.
De 1672 à 2010, rien ne semble avoir changé : la troupe de Jean-Denis Monory, fondée en 1992, recrée l’atmosphère des représentations d’antan, en costume, en musique et en diction. Et ça marche : passé la première surprise, la compréhension du texte ancien, accentué et prononcé en fonction de la reconstitution des intonations classiques, est parfaite. Même les mots vieillis ou les notions oubliées redeviennent évidents, illustrés par le jeu tout en nuance de comédiens qui s’en donnent à cœur joie pour revivifier ce monument du théâtre français. Le chaos de la maison familiale partagée entre le clan des trissotinées (la mère et la tante) et celui des raisonnables (la servante mal embouchée, l’oncle, la sœur cadette) est en effet magnifié avec bonheur par des interprètes qui se livrent tous les soirs à une bataille réglée chorégraphiquement. Le père est tout particulièrement remarquable, incarné par le toujours formidable Bastien Ossart dont on s’émerveille des attitudes bondissantes et simiesques, entre lâcheté et sursauts d’orgueil, arbitre par défaut et à son corps défendant de cette crise de pédantisme exacerbée.
C’est drôle, vraiment comique, comme on n’a plus l’habitude de goûter Molière. Plein d’énergie communicative. Mais aussi poétique comme seule la recréation baroque le permet, au point que «magique » est le qualificatif qui vient spontanément à l’esprit.
Le spectacle peut donc convenir et plaire à tous : enfants comme adultes, amoureux du théâtre classique comme curieux de cette paradoxale forme de création contemporaine.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Ce cycle baroque est en outre éclairé par une série de conversations avec des chercheuses en sciences humaines sur des thèmes en rapport avec le féminisme, « pour entrer en résistance avec les stéréotypes ». Histoire, une fois encore, de faire dialoguer les modernités.
Réservations : 01 48 08 39 74
Informations : www.frabriqueatheatre.com