Claude Monet, La Liseuse, Baltimore, The Walters Art Museum © The Walters Art Museum, Baltimore - See more at: http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/paul-durand-ruel-le-pari-de-limpressionnisme#sthash.z3zytHBO.dpuf
Les historiens de l’art portent depuis quelques années un regard nouveau sur les marchands d’art, sujets désormais d’expositions mettant en valeur leur rôle de passeurs entre artistes et collectionneurs, eux-mêmes réunissant aussi d’importantes collections personnelles. Après les expositions consacrées à Kahnweiler et le pari du cubisme, à Goupil et les peintres italiens, à Vollard qui conçoit les premières expositions personnelles de Cézanne et Picasso, à Théo van Gogh…voilà, présentée au Musée du Luxembourg, une exposition consacrée à celui qui a été en quelque sorte l’ « inventeur » et le « promoteur » des impressionnistes, Paul Durand- Ruel. Ce fils de l’un des principaux marchands d’art d’Europe, rapidement devenu un expert, commence sa carrière en innovant en matière de méthodes commerciales, soutenant les artistes par une politique d’exclusivité, d’expositions tant individuelles que collectives pour les impressionnistes, de soutien financier. Autre trait de sa politique, dans la recherche de nouveaux marchés, l’internationalisation, en ouvrant des galeries à Londres, à Bruxelles, à New York, en multipliant les expositions à l’étranger, la plus remarquable étant celle des Grafton Galleries à Londres.
Si l’exposition ouvre sur des portraits de famille, le marchand, ses fils, ses filles par Renoir et la salle suivante rassemble Delacroix (les romantiques et la « belle école de 1830 »), mais aussi des modernes, dont Millet, Corot, Courbet, témoignant déjà de l’intérêt et de la curiosité du jeune marchand pour ces générations nouvelles. Les trois salles principales sont consacrées au cœur de l’exposition : les impressionnistes. L’articulation se fait autour de trois thématiques : celle de la découverte, celle des grandes expositions (1876, 1883 et 1892, ces deux dernières consacrées à Monet) et celle de la reconnaissance internationale. De nombreux tableaux présentés ici ont pu être vus dans d’autres occasions (expositions Manet, Monet ou Renoir) ; mais c’est avec un éclairage nouveau qu’ils apparaissent ici, reflet des goûts d’un marchand et collectionneur. Si un nombre important d’œuvres exposées viennent des musées français et étrangers, cette exposition offre aussi l’occasion de voir des tableaux appartenant à de nombreuses collections privées. L’exposition permet aussi de découvrir d’autres champs d’activités de Paul Durand-Ruel, l’éditeur, le créateur de revues…
Deux ouvrages complètent et éclairent cette exposition. Le catalogue, dirigé par Sylvie Patry, rassemble dix essais, restera un instrument de travail très utile. Outre les passages obligés (portrait de Paul Durand-Ruel par Paul-louis et Flavie Durand-Ruel), il offre une série d’études sur expositions et collectionneurs en France et des essais sur la politique d’internationalisation menée par le marchand (l’Amérique par J.A. Thompson, l’Allemagne par D. Hansen, Londres, si essentiel dans la découverte des impressionnistes, par A. Robbins). Il fournit aussi, dans sa partie documentaire, d’utiles données sur les prix des œuvres et les fréquentations de certaines expositions. Un regret cependant, le très petit format de certaines reproductions. Le deuxième ouvrage publié à l’occasion de l’exposition, Paul Durand-Ruel Mémoires du marchand des impressionnistes, ouvrage revu, corrigé et annoté par Paul-Louis Durand-Ruel et Flavie Durand-Ruel, aux éditions Flammarion, est essentiel pour comprendre et les quêtes et les passions et les pratiques, les succès et les revers d’un marchand. L’ouvrage est complété par un choix de lettres, de regards de contemporains, d’une liste des expositions organisées par Durand-Ruel et d’un appareil de notes très utile.
Pour l’historien de l’art et des pratiques culturelles, cet ensemble, exposition-publications, est essentiel dans la construction d’une histoire des marchands d’art.
Paul Durand-Ruel, le pari de l’impressionnisme, Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, Paris 6éme. Jusqu’au 8 février 2015
Ouvert tous les jours (mardi, mercredi, jeudi 10h-19h ; lundi, vendredi 10h-22h ; samedi-dimanche 9h-20h)
Michel Rapoport, professeur honoraire d’histoire, Université Paris Est Créteil
Si l’exposition ouvre sur des portraits de famille, le marchand, ses fils, ses filles par Renoir et la salle suivante rassemble Delacroix (les romantiques et la « belle école de 1830 »), mais aussi des modernes, dont Millet, Corot, Courbet, témoignant déjà de l’intérêt et de la curiosité du jeune marchand pour ces générations nouvelles. Les trois salles principales sont consacrées au cœur de l’exposition : les impressionnistes. L’articulation se fait autour de trois thématiques : celle de la découverte, celle des grandes expositions (1876, 1883 et 1892, ces deux dernières consacrées à Monet) et celle de la reconnaissance internationale. De nombreux tableaux présentés ici ont pu être vus dans d’autres occasions (expositions Manet, Monet ou Renoir) ; mais c’est avec un éclairage nouveau qu’ils apparaissent ici, reflet des goûts d’un marchand et collectionneur. Si un nombre important d’œuvres exposées viennent des musées français et étrangers, cette exposition offre aussi l’occasion de voir des tableaux appartenant à de nombreuses collections privées. L’exposition permet aussi de découvrir d’autres champs d’activités de Paul Durand-Ruel, l’éditeur, le créateur de revues…
Deux ouvrages complètent et éclairent cette exposition. Le catalogue, dirigé par Sylvie Patry, rassemble dix essais, restera un instrument de travail très utile. Outre les passages obligés (portrait de Paul Durand-Ruel par Paul-louis et Flavie Durand-Ruel), il offre une série d’études sur expositions et collectionneurs en France et des essais sur la politique d’internationalisation menée par le marchand (l’Amérique par J.A. Thompson, l’Allemagne par D. Hansen, Londres, si essentiel dans la découverte des impressionnistes, par A. Robbins). Il fournit aussi, dans sa partie documentaire, d’utiles données sur les prix des œuvres et les fréquentations de certaines expositions. Un regret cependant, le très petit format de certaines reproductions. Le deuxième ouvrage publié à l’occasion de l’exposition, Paul Durand-Ruel Mémoires du marchand des impressionnistes, ouvrage revu, corrigé et annoté par Paul-Louis Durand-Ruel et Flavie Durand-Ruel, aux éditions Flammarion, est essentiel pour comprendre et les quêtes et les passions et les pratiques, les succès et les revers d’un marchand. L’ouvrage est complété par un choix de lettres, de regards de contemporains, d’une liste des expositions organisées par Durand-Ruel et d’un appareil de notes très utile.
Pour l’historien de l’art et des pratiques culturelles, cet ensemble, exposition-publications, est essentiel dans la construction d’une histoire des marchands d’art.
Paul Durand-Ruel, le pari de l’impressionnisme, Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, Paris 6éme. Jusqu’au 8 février 2015
Ouvert tous les jours (mardi, mercredi, jeudi 10h-19h ; lundi, vendredi 10h-22h ; samedi-dimanche 9h-20h)
Michel Rapoport, professeur honoraire d’histoire, Université Paris Est Créteil