Trop, c’est trop : toutes les critiques exaltent la mise en scène par Luc Bondy des Fausses confidences à l’Odéon… quelle imposture, ou à tout le moins quel gâchis d’avoir Isabelle Huppert comme interprète et d’en faire… ça.
Passe encore le taï chi qui prélude à la pièce, puisqu’il est toujours possible de moderniser une pièce lorsque c’est bien fait. Passe encore le décor layette sur un plateau trop grand, puisque la pièce est intimiste et le théâtre très vaste. Passe encore la volonté de faire des allusions artistiques et de transformer l’espace en Hopper verdâtre et déprimant. Après tout, il y a de bonne choses, comme la symbolique du costume d’Araminte – en femme d’affaires – qui évolue du pantalon bouffant à la robe d’acte en acte, dans une gradation vers toujours plus de liberté du personnage, ou la prestation de Louis Garrel, parfait en jeune premier « dont la mine est un Pérou ».
On peut en outre admettre que le rôle de Dubois soit minoré, cela le différencie du cabotinage d’Arditi dans la mise en scène de Bidier Bezace. Mais quel besoin pour Arlequin de sortir de scène en rampant ou par une fenêtre quand la porte est immense et tout à côté ? On est aussi d’accord que Mme Argante n’est guère sympathique. Mais quelle faute de goût de lui faire cracher au visage par Monsieur Rémy, le digne notaire. Et tant qu’à avoir Bulle Ogier comme actrice, pourquoi la transformer en Cruella d’Enfer, mâtinée de Miss Daisy et son chauffeur (pour le chauffeur muet) ? On peut enfin admettre que le texte soit actualisé. Mais quel besoin alors de garder le carrosse ? Et pourquoi aller jusqu’à mutiler le troisième acte au point que les acteurs bafouillaient à qui mieux mieux le soir où nous avons vu la représentation ? Il est enfin hautement regrettable que le couple de héros, enfin réunis dans le texte de Marivaux en dépit de l’envi, finissent, l’un étalé à un bout de la scène, l’autre renversée sur la cheminée, tout là bas, là bas, à l’autre bout.
En définitive, on ne peut que s’accorder avec Marivaux concernant cette mise en scène et cette critique, lorsqu’il conclut le rôle d’Araminte dans la pièce originale par un très ferme : « Finissons ».
Critique par Noémie Courtès
Paris, Théâtre de l’Odéon, jusqu’au 23 mars.
Pour comble de malchance, aucune photo de la représentation ne nous a été fournie par le théâtre pour illustrer ce compte-rendu.
Passe encore le taï chi qui prélude à la pièce, puisqu’il est toujours possible de moderniser une pièce lorsque c’est bien fait. Passe encore le décor layette sur un plateau trop grand, puisque la pièce est intimiste et le théâtre très vaste. Passe encore la volonté de faire des allusions artistiques et de transformer l’espace en Hopper verdâtre et déprimant. Après tout, il y a de bonne choses, comme la symbolique du costume d’Araminte – en femme d’affaires – qui évolue du pantalon bouffant à la robe d’acte en acte, dans une gradation vers toujours plus de liberté du personnage, ou la prestation de Louis Garrel, parfait en jeune premier « dont la mine est un Pérou ».
On peut en outre admettre que le rôle de Dubois soit minoré, cela le différencie du cabotinage d’Arditi dans la mise en scène de Bidier Bezace. Mais quel besoin pour Arlequin de sortir de scène en rampant ou par une fenêtre quand la porte est immense et tout à côté ? On est aussi d’accord que Mme Argante n’est guère sympathique. Mais quelle faute de goût de lui faire cracher au visage par Monsieur Rémy, le digne notaire. Et tant qu’à avoir Bulle Ogier comme actrice, pourquoi la transformer en Cruella d’Enfer, mâtinée de Miss Daisy et son chauffeur (pour le chauffeur muet) ? On peut enfin admettre que le texte soit actualisé. Mais quel besoin alors de garder le carrosse ? Et pourquoi aller jusqu’à mutiler le troisième acte au point que les acteurs bafouillaient à qui mieux mieux le soir où nous avons vu la représentation ? Il est enfin hautement regrettable que le couple de héros, enfin réunis dans le texte de Marivaux en dépit de l’envi, finissent, l’un étalé à un bout de la scène, l’autre renversée sur la cheminée, tout là bas, là bas, à l’autre bout.
En définitive, on ne peut que s’accorder avec Marivaux concernant cette mise en scène et cette critique, lorsqu’il conclut le rôle d’Araminte dans la pièce originale par un très ferme : « Finissons ».
Critique par Noémie Courtès
Paris, Théâtre de l’Odéon, jusqu’au 23 mars.
Pour comble de malchance, aucune photo de la représentation ne nous a été fournie par le théâtre pour illustrer ce compte-rendu.