Après la brillante présentation de Monet comme inspirateur de l’abstraction l’été dernier à Marmottan, c’est au Grand Palais à poursuivre l’exploration du peintre-le-plus-connu-au-monde dans sa grande tradition des rétrospectives-où-on-se-marche-sur-les-pieds. Mieux que Picasso, Turner et Poussin en leur temps, cette exposition Monet bat des records de popularité, pour le plus grand bonheur des journalistes qui en ont fait la matière de leurs éditoriaux et de leurs sujets culturels télévisés. Monet, c’est donc le triomphe du superlatif et de l’attente-dans-le-froid. Lorsqu’il ne s’agit pas de souligner la difficulté de nettoyer les salles en raison de l’extension des heures d’ouverture (les mouchoirs en papier et les emballages de chewing-gum jonchaient le sol pendant ma visite, un dimanche soir vers 20h, alors que – miracle – il n’y avait pas de queue à l’entrée, même sans réservation… il faut bien le mentionner malgré que j’en aie).
Mais derrière cette accroche pour dîner en ville (« Vous avez vu Monet ? Malgré la queue ? malgré la queue ! Mon dieu, mais quelle queue ! C’était à défaillir ! etc. »), la question cruciale est occultée : faut-il aimer Monet ? Que dis-je « aimer » ? « aduler » Monet serait plus juste.
La présentation du Grand Palais a cet avantage incontestable de donner de l’œuvre de Claude Monet une image représentative de toutes ses périodes, de toutes ses recherches, de toutes ses trouvailles. On y voit un bel ensemble de Cathédrale de Rouen (qui éclipsent leur pâle reflet post-moderne offert par Roy Lichtenstein en regard) ; on peut y admirer la virtuosité et la variété de représentation de la débâcle à Vétheuil en 1880, où chaque tableau montre une façon différente de peindre les blocs de glace ; on peut rêver devant la grâce de plusieurs Essai de femme à l’ombrelle de 1886 ; on découvre même que Impression soleil levant a des petites sœurs trop peu connues ; etc.
Mais même un génie peut rater un tableau : les séries peintes en Creuse ou sur la Riviera sont déprimantes. Ne saurait-on pas qu’il s’agit de Monets qu’on n’en voudrait pas chez soi…Ou alors, juste pour la signature, ce qui est plus déprimant encore.
Reste que la variété de l’œuvre permet forcément de trouver LE tableau qui provoque l’émotion : que ce soit une œuvre de jeunesse (Le Pavé de Chailly), une vue de Venise (évidemment) ou une scène de brume anglaise, une étude de blanc (La Pie) ou une étude de bleu parmi les Nymphéas…
Il faut donc aller voir Monet au Grand Palais. Pour pouvoir parler d’autre chose que de la queue. Quant à l’aimer tout entier…
Noémie Courtès
Mais derrière cette accroche pour dîner en ville (« Vous avez vu Monet ? Malgré la queue ? malgré la queue ! Mon dieu, mais quelle queue ! C’était à défaillir ! etc. »), la question cruciale est occultée : faut-il aimer Monet ? Que dis-je « aimer » ? « aduler » Monet serait plus juste.
La présentation du Grand Palais a cet avantage incontestable de donner de l’œuvre de Claude Monet une image représentative de toutes ses périodes, de toutes ses recherches, de toutes ses trouvailles. On y voit un bel ensemble de Cathédrale de Rouen (qui éclipsent leur pâle reflet post-moderne offert par Roy Lichtenstein en regard) ; on peut y admirer la virtuosité et la variété de représentation de la débâcle à Vétheuil en 1880, où chaque tableau montre une façon différente de peindre les blocs de glace ; on peut rêver devant la grâce de plusieurs Essai de femme à l’ombrelle de 1886 ; on découvre même que Impression soleil levant a des petites sœurs trop peu connues ; etc.
Mais même un génie peut rater un tableau : les séries peintes en Creuse ou sur la Riviera sont déprimantes. Ne saurait-on pas qu’il s’agit de Monets qu’on n’en voudrait pas chez soi…Ou alors, juste pour la signature, ce qui est plus déprimant encore.
Reste que la variété de l’œuvre permet forcément de trouver LE tableau qui provoque l’émotion : que ce soit une œuvre de jeunesse (Le Pavé de Chailly), une vue de Venise (évidemment) ou une scène de brume anglaise, une étude de blanc (La Pie) ou une étude de bleu parmi les Nymphéas…
Il faut donc aller voir Monet au Grand Palais. Pour pouvoir parler d’autre chose que de la queue. Quant à l’aimer tout entier…
Noémie Courtès
Galeries nationales du Grand Palais, jusqu’au 24 janvier.
Au cas où vous en voudriez davantage, un autre accrochage continue au Musée Marmottan (avec Impression soleil levant, dont le directeur n’a pas voulu se dessaisir) jusqu’au 20 février.
Et les Grandes Décorations (les 22 panneaux commandés par Clemenceau et offerts par Monet à la France en 1918) sont visibles toute l’année à l’Orangerie des Tuileries.
Au cas où vous en voudriez davantage, un autre accrochage continue au Musée Marmottan (avec Impression soleil levant, dont le directeur n’a pas voulu se dessaisir) jusqu’au 20 février.
Et les Grandes Décorations (les 22 panneaux commandés par Clemenceau et offerts par Monet à la France en 1918) sont visibles toute l’année à l’Orangerie des Tuileries.