Réveil pénible. Incapable de me rappeler de quoi que ce soit avec exactitude. Juste des éclats de rêve, réalité et imaginaire se rejoignant et ne formant plus qu’un ensemble virtuel.
Vue sur le plafond, la chambre tout éclairée maintenant, une armoire en face flanquée d’un grand miroir, je me suis aperçue seule sur le lit, la couette bleue en boule chiffonnée, cheveux en bataille, toute habillée, battements intenses dans la tête, le cœur cognant rapide, l’effet marteau-piqueur du matin sur deux étages ça ne le faisait vraiment pas, un peu déséquilibrée j’ai attendu un peu avant de me mettre debout.
Une soif terrible. ―
Adrien était dans le salon, assis sur le canapé, se parlant à lui-même, griffonnant sur une feuille, il devait apprendre un rôle. Il a levé la tête et là j’ai pu voir, la lèvre coupée et la marque foncée à la pommette. Acrimonieux,
– T’es contente de toi ?... Regarde-moi ce bordel.
Effectivement, la pièce portait encore les stigmates de ce qui avait dû être une belle castagne. Comme je ne répondais rien il a enchaîné, toujours aussi peu aimable,
– Tu vas rester combien de temps plantée là comme une imbécile ? tu te décides ou tu entres ou tu te casses, alors ?, pas de temps à perdre aujourd’hui... Faut que je sorte dans pas longtemps.
Je me suis approchée, prudemment me suis assise, un peu en retrait, pas trop près de lui, incertaine de ses réactions, pas trop sûre de pouvoir réagir à temps s’il venait à péter un câble, d’autant qu’il semblait de plus en plus contrarié.
– T’as peur de moi ou quoi ?... Je te signale que c’est moi qui m’en suis pris plein la gueule hier soir à cause de tes conneries,… tu devrais être un peu plus reconnaissante… Tu planais, mais grave quoi... est-ce que tu réalises qu’il a fallu que je te traîne jusqu’au lit ?... Enfin, une fois de plus, heureusement que j’étais là… j’te jure que ça devient saoulant cette façon que t’as à te mettre en danger constamment.
– Ça va, désolée, je lui ai répondu d’un sourire gêné, mais la Chiquita Banana… je connaissais pas tu comprends ?
– Je comprends surtout que t’avais bien envie de faire n’importe quoi.
– Quoi ? Elle est bonne celle-là… et puis qu’est-ce que t’en sais d’abord de mes envies ? Si tu n’avais pas joué ta petite comédie…
– Maintenant c’est de ma faute si t’es pas capable de te contrôler ? Personne t’obligeait à rester, personne t’obligeait à fumer.
– Personne t’obligeait aussi à te comporter comme...
– C’est-à-dire ?... Ben vas-y ! Crache ! Qu’est-ce que t’attends ?
– Tu le sais très bien, pas la peine de faire comme si de rien n’était.
Long soupir. Exaspéré.
– J’ai pas de comptes à te rendre je te l’ai déjà dit.
– Si t’as pas de comptes à me rendre, alors te crois pas obligé d’être jaloux, ça me fera des vacances. Faut savoir ce que tu veux, vraiment horripilant ce machisme à deux balles. Grandis un peu dans ta tête…
– Lâche-moi, okay ?
– …On dirait que tu en veux à la terre entière et que les nanas tu veux leur faire payer je ne sais quoi,
– Je t’ai dit de me lâcher avec ça.
– …je suis pas responsable de ta propre histoire, t’es pas le seul à avoir…
– TA GUEULE !
Je me suis levée, lasse de ces disputes à répétition, ramassant mon manteau qui traînait sur l’accoudoir du canapé, j’ai réalisé que la rupture, elle se profilait, mesquine, dans tout ce qu’elle avait de plus misérable, il faut croire que cette histoire ne valait vraiment pas grand-chose.
– Il est où mon sac ?
Il n’a pas daigné lâcher un mot, pensif, regardant droit devant lui, le stylo qui cliquait non-stop. Le sac avait atterri près du bureau. Petite vérification, clefs, portefeuille, la beuh mortelle à-prendre-en-petite-dose, ou à la rigueur la revendre, portable, carte de… Anna Saint Cricq ?, le Sunrise ? Sur les Champs... Je l’ai remise dans mon sac.
L’essentiel était là.
Plus rien à faire ici, donc direction la porte d’entrée, je lui ai jeté un Salut !, on s’est regardés un instant, ou plus exactement toisés, puis comme il s’obstinait à rester silencieux, j’ai tourné les talons.
Je l’ai entendu se lever.
J’allais pour sortir de l’appartement, la main déjà sur la poignée, quand soudain il m’a attrapée, bras gauche encerclant serrant ma taille, pression pour me tirer en arrière, la main droite empêchant la porte de s’ouvrir. Près de mon oreille, soufflé, ton rauque, tout en retenue, attends… Reste. T’as raison… les meufs j’arrive pas à leur faire confiance…
je t’expliquerai je te promets… mais… pas maintenant…
Allez...
Reste.
(c) S. Chaouche/TFM
Vue sur le plafond, la chambre tout éclairée maintenant, une armoire en face flanquée d’un grand miroir, je me suis aperçue seule sur le lit, la couette bleue en boule chiffonnée, cheveux en bataille, toute habillée, battements intenses dans la tête, le cœur cognant rapide, l’effet marteau-piqueur du matin sur deux étages ça ne le faisait vraiment pas, un peu déséquilibrée j’ai attendu un peu avant de me mettre debout.
Une soif terrible. ―
Adrien était dans le salon, assis sur le canapé, se parlant à lui-même, griffonnant sur une feuille, il devait apprendre un rôle. Il a levé la tête et là j’ai pu voir, la lèvre coupée et la marque foncée à la pommette. Acrimonieux,
– T’es contente de toi ?... Regarde-moi ce bordel.
Effectivement, la pièce portait encore les stigmates de ce qui avait dû être une belle castagne. Comme je ne répondais rien il a enchaîné, toujours aussi peu aimable,
– Tu vas rester combien de temps plantée là comme une imbécile ? tu te décides ou tu entres ou tu te casses, alors ?, pas de temps à perdre aujourd’hui... Faut que je sorte dans pas longtemps.
Je me suis approchée, prudemment me suis assise, un peu en retrait, pas trop près de lui, incertaine de ses réactions, pas trop sûre de pouvoir réagir à temps s’il venait à péter un câble, d’autant qu’il semblait de plus en plus contrarié.
– T’as peur de moi ou quoi ?... Je te signale que c’est moi qui m’en suis pris plein la gueule hier soir à cause de tes conneries,… tu devrais être un peu plus reconnaissante… Tu planais, mais grave quoi... est-ce que tu réalises qu’il a fallu que je te traîne jusqu’au lit ?... Enfin, une fois de plus, heureusement que j’étais là… j’te jure que ça devient saoulant cette façon que t’as à te mettre en danger constamment.
– Ça va, désolée, je lui ai répondu d’un sourire gêné, mais la Chiquita Banana… je connaissais pas tu comprends ?
– Je comprends surtout que t’avais bien envie de faire n’importe quoi.
– Quoi ? Elle est bonne celle-là… et puis qu’est-ce que t’en sais d’abord de mes envies ? Si tu n’avais pas joué ta petite comédie…
– Maintenant c’est de ma faute si t’es pas capable de te contrôler ? Personne t’obligeait à rester, personne t’obligeait à fumer.
– Personne t’obligeait aussi à te comporter comme...
– C’est-à-dire ?... Ben vas-y ! Crache ! Qu’est-ce que t’attends ?
– Tu le sais très bien, pas la peine de faire comme si de rien n’était.
Long soupir. Exaspéré.
– J’ai pas de comptes à te rendre je te l’ai déjà dit.
– Si t’as pas de comptes à me rendre, alors te crois pas obligé d’être jaloux, ça me fera des vacances. Faut savoir ce que tu veux, vraiment horripilant ce machisme à deux balles. Grandis un peu dans ta tête…
– Lâche-moi, okay ?
– …On dirait que tu en veux à la terre entière et que les nanas tu veux leur faire payer je ne sais quoi,
– Je t’ai dit de me lâcher avec ça.
– …je suis pas responsable de ta propre histoire, t’es pas le seul à avoir…
– TA GUEULE !
Je me suis levée, lasse de ces disputes à répétition, ramassant mon manteau qui traînait sur l’accoudoir du canapé, j’ai réalisé que la rupture, elle se profilait, mesquine, dans tout ce qu’elle avait de plus misérable, il faut croire que cette histoire ne valait vraiment pas grand-chose.
– Il est où mon sac ?
Il n’a pas daigné lâcher un mot, pensif, regardant droit devant lui, le stylo qui cliquait non-stop. Le sac avait atterri près du bureau. Petite vérification, clefs, portefeuille, la beuh mortelle à-prendre-en-petite-dose, ou à la rigueur la revendre, portable, carte de… Anna Saint Cricq ?, le Sunrise ? Sur les Champs... Je l’ai remise dans mon sac.
L’essentiel était là.
Plus rien à faire ici, donc direction la porte d’entrée, je lui ai jeté un Salut !, on s’est regardés un instant, ou plus exactement toisés, puis comme il s’obstinait à rester silencieux, j’ai tourné les talons.
Je l’ai entendu se lever.
J’allais pour sortir de l’appartement, la main déjà sur la poignée, quand soudain il m’a attrapée, bras gauche encerclant serrant ma taille, pression pour me tirer en arrière, la main droite empêchant la porte de s’ouvrir. Près de mon oreille, soufflé, ton rauque, tout en retenue, attends… Reste. T’as raison… les meufs j’arrive pas à leur faire confiance…
je t’expliquerai je te promets… mais… pas maintenant…
Allez...
Reste.
(c) S. Chaouche/TFM