Louis XIV crée l’Académie des Sciences en 1666 et Henri Testelin peint l’année suivante une Présentation des membres de l’Académie des sciences par Colbert à Louis XIV toute d’imagination puisque la visite n’eut lieu qu’en 1681. Le Roi-Soleil n’était en effet guère féru de recherches et de technique à moins qu’il y trouvât son intérêt. Le tableau de Testelin est donc tout à fait représentatif du rapport royal aux sciences au XVIIe siècle : il s’agit certes d’affirmer sa puissance et son ouverture d’esprit, mais c’est encore une science fantasmée et décorative qui a tout à apprendre de ses scientifiques. La donne change quelque peu ensuite avec des souverains plus personnellement intéressés par les évolutions qui caractérisent le Siècle des Lumières : Louis XV s’occupe d’astronomie, de médecine et de botanique, Louis XVI se passionne pour la navigation et la mécanique.
L’exposition détaille la fondation de l’Académie des sciences et son fonctionnement, en s’attachant aux présentations requises des académiciens, annuellement après 1699, pour exposer leurs découvertes de façon « officielle ». Mais là ne s’arrête pas l’extension de la science à Versailles : dès les débuts de la construction, toutes les ressources de la science sont mises en œuvre, en particulier pour l’adduction d’eau et l’aménagement des jardins. Plus tard, les souverains se font aménager un cabinet de travail pour eux-mêmes et pour leurs enfants, qui jouissent dès lors d’une formation très complète sous la supervision de l’abbé Nollet, « savant électriseur », pour ne citer que lui. Les expériences novatrices et amusantes émaillent la vie de la cour : on se souvient du premier vol en dirigeable en 1783 ; la présentation nous apprend l’introduction des mérinos à Rambouillet ou l’essai de nouveaux modèles (réduits) de navires sur le Grand Canal.
L’exposition est luxueuse et particulièrement didactique : les procédés anciens sont illustrés du sol au plafond par des simulations graphiques (les différents espaces scientifiques du domaine, l’adduction d’eau autour de Versailles, la machine de Marly, etc.), des plans et des tableaux parlants (La Pérouse recevant ses instructions de Louis XVI, la mesure de la France, des portraits de Parmentier et des principaux savants importants de l’époque). De très nombreuses branches du savoir sont abordées : obstétrique, géodésie, chimie, anatomie, etc. grâce à des objets rares et souvent somptueux (les instruments astronomiques par exemple, les planches d’un herbier dans un cabinet de travail reconstitué). Même le charlatanisme n’est pas oublié, représenté par un baquet de Mesmer bien frustre par rapport à tant d’autres instruments d’une rare précision (dont La Joueuse de tympanon et une pendule dite « de la création du monde » créée par Passemant, de taille humaine, avec calendrier perpétuel, tout particulièrement remarquable). Autant de domaines qui pouvaient servir la puissance de l’Etat, augmenter la grandeur du Roi et divertir les courtisans (la famille de Francini/Francine ne fut-elle pas à la fois l’origine de grands décorateurs de théâtre et de fontainiers illustres ?). Et qui sont à l’origine de nos modernes Académie des sciences, Observatoire, Ecole des Mines et de Ponts et Chaussées, etc.
On en sort émerveillé, et presque plus savant.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Château de Versailles, jusqu’au 27 février.
On en sort émerveillé, et presque plus savant.
Compte rendu par Noémie Courtès.
Château de Versailles, jusqu’au 27 février.