(c) Leveque
Cent ans déjà que le néon (puis les autres gaz aux lumières de couleur jaune, violette, bleue, etc.) a envahi nos vies, depuis qu’un physicien français, Georges Claude, l’a « inventé ». Après avoir fait la conquête de nos villes, il a tout naturellement fini par investir le domaine artistique dans les années 1930 (et surtout à partir de 1960) et si La Maison Rouge ne cherche pas à retracer son histoire, elle présente pour encore une semaine un panorama extrêmement riche (une centaine d’œuvres) de son utilisation esthétique jusqu’à nos jours.
C’est évidemment parfois un peu dérangeant, étrange ou peu convaincant, surtout lorsque la composante lumineuse n’intervient pas dans l’œuvre (on ne voit pas bien l’intérêt d’un néon anamorphique là où Markus Raetz fait aussi bien avec des matériaux plus inertes). Mais certaines pièces sont tout à fait étonnantes et intéressantes ; leur électrification fait alors sens (ne serait-ce que par le halo qu’elles produisent sur la surface d’exposition ou les interférences qu’elles créent avec le reste de l’œuvre), et pas seulement comme gaspillage somptuaire. Qu’on pense à ces pièces qui évoluent dans le temps en fonction des parties éclairées, comme celles de Bruce Nauman (RAW/WAR, en fonction de l’allumage dans un sens ou dans un autre), de Kendell Geers (TERROR qui fait clignoter le T) ou de François Morellet (Néon O-90, qui inquiète les spectateurs, sournoisement invités à appuyer sur une pédale très sonore sous le nez des gardiens)…
Tout est possible, et les artistes s’emploient à étendre toujours plus les possibilités techniques du médium (couleurs, formes, mixages) comme le sens de la pièce, de l’humour (le visiteur est accueilli par une publicité lumineuse déformée comme un reflet dans l’eau) au manifeste politique (l’espace « La lumière parle » s’attache aux travaux de Thomas Mulcaire, Miri Ségal, Glenn Ligon…). Les concepts sont parfois très échevelés, mais les œuvres n’en participent que plus pleinement de la recherche esthétique contemporaine.
Le visiteur a en tout cas matière à réflexions, de la manière de cacher/exhiber les fils électriques au « néo-féminisme » français représenté par la mention en anglais de talons hauts (High Heels on the moon, Sylvie Fleury) ; de la présentation d’œuvres ultra lumineuses qui polluent celle de leurs voisines plus discrètes (Voltes V, John Armleder), jusqu’à la fin de l’œuvre d’art, une fois le courant coupé et le néon éteint (This Work Should Be Turned Off When I Die, Stefan Brüggemann) ou détruit (une photographie de Michel François et un film où la lumière s’anéantit progressivement au rythme des néons brisés clôturent la visite).
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, la maison rouge, jusqu’au 20 mai 2012.
Dossier et vidéo sur le site : http://www.lamaisonrouge.org/spip.php?article839&date=cours
Livret à consulter distribué à l’entrée.
Catalogue bilingue : Néon, Who’s afraid of red, yellow and blue ?, Editions Archibooks, 27 €.
C’est évidemment parfois un peu dérangeant, étrange ou peu convaincant, surtout lorsque la composante lumineuse n’intervient pas dans l’œuvre (on ne voit pas bien l’intérêt d’un néon anamorphique là où Markus Raetz fait aussi bien avec des matériaux plus inertes). Mais certaines pièces sont tout à fait étonnantes et intéressantes ; leur électrification fait alors sens (ne serait-ce que par le halo qu’elles produisent sur la surface d’exposition ou les interférences qu’elles créent avec le reste de l’œuvre), et pas seulement comme gaspillage somptuaire. Qu’on pense à ces pièces qui évoluent dans le temps en fonction des parties éclairées, comme celles de Bruce Nauman (RAW/WAR, en fonction de l’allumage dans un sens ou dans un autre), de Kendell Geers (TERROR qui fait clignoter le T) ou de François Morellet (Néon O-90, qui inquiète les spectateurs, sournoisement invités à appuyer sur une pédale très sonore sous le nez des gardiens)…
Tout est possible, et les artistes s’emploient à étendre toujours plus les possibilités techniques du médium (couleurs, formes, mixages) comme le sens de la pièce, de l’humour (le visiteur est accueilli par une publicité lumineuse déformée comme un reflet dans l’eau) au manifeste politique (l’espace « La lumière parle » s’attache aux travaux de Thomas Mulcaire, Miri Ségal, Glenn Ligon…). Les concepts sont parfois très échevelés, mais les œuvres n’en participent que plus pleinement de la recherche esthétique contemporaine.
Le visiteur a en tout cas matière à réflexions, de la manière de cacher/exhiber les fils électriques au « néo-féminisme » français représenté par la mention en anglais de talons hauts (High Heels on the moon, Sylvie Fleury) ; de la présentation d’œuvres ultra lumineuses qui polluent celle de leurs voisines plus discrètes (Voltes V, John Armleder), jusqu’à la fin de l’œuvre d’art, une fois le courant coupé et le néon éteint (This Work Should Be Turned Off When I Die, Stefan Brüggemann) ou détruit (une photographie de Michel François et un film où la lumière s’anéantit progressivement au rythme des néons brisés clôturent la visite).
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, la maison rouge, jusqu’au 20 mai 2012.
Dossier et vidéo sur le site : http://www.lamaisonrouge.org/spip.php?article839&date=cours
Livret à consulter distribué à l’entrée.
Catalogue bilingue : Néon, Who’s afraid of red, yellow and blue ?, Editions Archibooks, 27 €.