Nicolas Floc’h Performance painting #2, 2005 Vidéo HDV, 16/9e, couleur, sonore, 9’ Interprète Rachid Ouramdane Édition 1/3 Reims, Frac Champagne-Ardennes © Adagp, Paris 2011
« Et que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas au moins une fois dansé ». Ainsi parlaient Zarathoustra et Nietzsche… L’exposition en fait son maître mot, puisque le fil rouge en est la liberté du mouvement (humain) et des mouvements (artistiques) au XXe siècle. Jusqu’à l’affranchissement du vêtement, de Matisse et la communauté suisse de Rudolf von Laban jusqu’aux performances les plus contemporaines… (comme quoi, on a beau continuer de crier au scandale devant la nudité exhibée complaisamment dans certains spectacles d’aujourd’hui, davantage de simplicité biblique a déjà été expérimentée auparavant !)
En trois espaces, successivement intitulés « La danse de soi », « Danse et abstraction », « Performance et danse », le propos est d’illustrer comment la danse a été un élément fondateur de l’esthétique moderne, d’Isadora Duncan et la Loïe Fuller à « La Fièvre du samedi soir » (tout de même revue par Ange Leccia) et au « Show must go on » de Jérôme Bel.
De fait, la présentation est foisonnante et extrêmement intéressante, non seulement pour des pièces inattendues comme des dessins de Nijinski, mais surtout grâce aux nombreuses vidéos (même si, hélas, il n’y a pas assez de bancs pour les visionner confortablement) : 24 secondes de tournoiement d’Isadora Duncan devant une haute société médusée de la voir s’agiter librement et pieds nus, la reconstitution de ballets mythiques comme « L’Après-midi d’un faune » ou « Parade », la captation de spectacles plus récents, dont « Le Sacre du printemps » de Pina Bausch, etc. Le foisonnement se fait même un peu chaotique dans la dernière partie, où la fin du XXe siècle peine à être ordonnée, à cause de l’explosion des différents média et des infinies propositions nouvelles.
Néanmoins, le panorama sur la danse moderne (ici, pas de ballet classique !) est passionnant car très complet et fort bien documenté (le livret annonce 450 œuvres exposées). Il faut rendre hommage au travail des conservateurs (Christine Macel et Emma Lavigne) qui ont regroupé des objets variés dont l’éclairage les uns sur les autres est remarquable : certaines pratiques photographiques (pour ne prendre que cet exemple) recoupent ainsi extraordinairement d’autres recherches sur le mouvement, que ce soit les collages d’Etienne Chambaud rappelant les expériences sur le mouvement du début du XXe siècle ou les « Distorsions » de Kertész qui font écho aux Acrobates de Picasso accrochés sur le mur d’en face. La confrontation des différents supports rend le travail chorégraphique d’une évidence confondante. Et le plaisir des yeux n’est pas en reste, puisque la danse a inspiré nombre de plasticiens, dont plusieurs œuvres sont également présentées : Rodin et Bourdelle, Sonia Delaunay, Theo Van Doesburg, Kandinsky, Pollock, le peintre qui dansait ses compositions,… La quintessence du XXe siècle se déploie là avec bonheur : comme si la fourmi de la fable elle-même était tentée de danser maintenant.
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, Centre Pompidou, « Danser sa vie – Art et danse de 1900 à nos jours », jusqu’au 2 avril 2012.
Catalogue (présentation brouillonne et peu attractive) ; 49, 90 €
Petit catalogue (richement illustré) : 8, 50 €
Dossier pédagogique en ligne : http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-DAnser-sa-vie/index.html
Performances dans l’exposition et agenda des activités connexes sur le même site.
A voir aussi, au même étage et avec le même billet : « Matisse, paires et séries ».
En trois espaces, successivement intitulés « La danse de soi », « Danse et abstraction », « Performance et danse », le propos est d’illustrer comment la danse a été un élément fondateur de l’esthétique moderne, d’Isadora Duncan et la Loïe Fuller à « La Fièvre du samedi soir » (tout de même revue par Ange Leccia) et au « Show must go on » de Jérôme Bel.
De fait, la présentation est foisonnante et extrêmement intéressante, non seulement pour des pièces inattendues comme des dessins de Nijinski, mais surtout grâce aux nombreuses vidéos (même si, hélas, il n’y a pas assez de bancs pour les visionner confortablement) : 24 secondes de tournoiement d’Isadora Duncan devant une haute société médusée de la voir s’agiter librement et pieds nus, la reconstitution de ballets mythiques comme « L’Après-midi d’un faune » ou « Parade », la captation de spectacles plus récents, dont « Le Sacre du printemps » de Pina Bausch, etc. Le foisonnement se fait même un peu chaotique dans la dernière partie, où la fin du XXe siècle peine à être ordonnée, à cause de l’explosion des différents média et des infinies propositions nouvelles.
Néanmoins, le panorama sur la danse moderne (ici, pas de ballet classique !) est passionnant car très complet et fort bien documenté (le livret annonce 450 œuvres exposées). Il faut rendre hommage au travail des conservateurs (Christine Macel et Emma Lavigne) qui ont regroupé des objets variés dont l’éclairage les uns sur les autres est remarquable : certaines pratiques photographiques (pour ne prendre que cet exemple) recoupent ainsi extraordinairement d’autres recherches sur le mouvement, que ce soit les collages d’Etienne Chambaud rappelant les expériences sur le mouvement du début du XXe siècle ou les « Distorsions » de Kertész qui font écho aux Acrobates de Picasso accrochés sur le mur d’en face. La confrontation des différents supports rend le travail chorégraphique d’une évidence confondante. Et le plaisir des yeux n’est pas en reste, puisque la danse a inspiré nombre de plasticiens, dont plusieurs œuvres sont également présentées : Rodin et Bourdelle, Sonia Delaunay, Theo Van Doesburg, Kandinsky, Pollock, le peintre qui dansait ses compositions,… La quintessence du XXe siècle se déploie là avec bonheur : comme si la fourmi de la fable elle-même était tentée de danser maintenant.
Compte rendu par Noémie Courtès
Paris, Centre Pompidou, « Danser sa vie – Art et danse de 1900 à nos jours », jusqu’au 2 avril 2012.
Catalogue (présentation brouillonne et peu attractive) ; 49, 90 €
Petit catalogue (richement illustré) : 8, 50 €
Dossier pédagogique en ligne : http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-DAnser-sa-vie/index.html
Performances dans l’exposition et agenda des activités connexes sur le même site.
A voir aussi, au même étage et avec le même billet : « Matisse, paires et séries ».